Le Massacre de Kiev
25 octobre 2021

Depuis plusieurs siècles, la société a souvent relégué la femme à un second rang. Certaines activités ou certains métiers ne lui étaient pas destinés et seuls les hommes avaient certaines libertés. Il était donc rare ou presque impossible de voir une femme exercer ou mener une tâche dans une société bondée d’hommes. De ce fait, si une femme s’entêtait, elle subissait la misogynie de certains hommes qui n’hésitaient pas à utiliser les moyens brutaux pour faire passer une leçon auprès de ces dames.
« La société actuelle est remplie de testostérone », disait souvent la mère de Klara Novikov. Klara était une jeune fille dans la vingtaine, très timide, mais travailleuse. Elle savait faire les efforts nécessaires dans le but d’obtenir tout ce qu’elle voulait. La jeune fille, grâce aux différents conseils de sa mère, s’était souvent imposée dans les milieux fortement dominés par les hommes. Au primaire, elle arrivait à s’en sortir avec les différentes leçons et avait souvent les meilleures notes de la classe. Au secondaire, elle avait réussi à devenir une des rares femmes déléguées de classe et à faire partie du top cinq des meilleurs élèves de la classe. La jeune fille était très persévérante et ses parents étaient fiers d’elle. En parlant de ses parents, la vie n’avait pas épargné la jeune Klara. Elle faisait partie d’une famille de cinq membres, dont ses géniteurs, deux frères et elle-même. Dans un accident de circulation, son père et son frère aîné trouvèrent la mort. Depuis sept ans, son autre frère, Yvan, s’était enrôlé dans l’armée. Klara avait donc des nouvelles de son frère environ une fois tous les mois, ce qui créait un vide énorme entre les deux. La jeune fille vivait donc avec sa mère qui était à la fois un père et une mère pour elle. La mère de la jeune fille était très exigeante et voulait faire de sa fille un modèle pour la société.
Une fois que la petite Klara avait eu son diplôme d’entrée à l’université, elle n’avait pas le libre choix, car sa mère avait déjà tracé tout le reste de sa vie. Un jour, alors que la jeune fille était allongée sur son lit dans sa chambre, sa mère vint la voir. Elle toqua à la porte, mais personne ne répondit. La mère de la jeune fille finit par ouvrir la porte et vit que sa fille avait des écouteurs dans les oreilles. Elle se dirigea donc vers elle et lui enleva le gadget. Elle avait à présent toute l’attention de sa fille.
— Alors, Klara, que comptes-tu faire à l’université ?
— Je ne sais pas encore, maman. Je viens d’avoir mon diplôme alors je me dis que j’ai encore le temps de réfléchir à mes options, répondit la jeune fille.
— C’est ce que tu penses. Je t’ai toujours dit que naître femme était un désavantage et que pour te retrouver au niveau des hommes, tu dois te préparer deux fois plus. Tu n’as pas le temps et tu n’auras jamais le temps. Tu dois être prête à tout moment, Klara. Crois-moi, c’est pour ton bien, finit par dire la mère.
— Je sais, maman. Je suis en train de réfléchir à une formation dans le but de devenir assistante ou secrétaire dans une grande entreprise. Cela me permettra d’avoir un bon boulot et de bien gagner ma vie. Le seul problème… commençait par dire Klara avant de se faire interrompre brutalement par sa mère.
— Arrête-moi ça tout de suite, jeune fille. Quoi ? Secrétaire ? Pourquoi ne pas choisir une formation pour devenir une assistante maternelle tant que tu y es ? commençait par dire la maman de Klara en haussant la voix. Encore des métiers que la société réserve aux femmes qui se laissent faire. En étant secrétaire, tu seras sous les ordres d’un homme qui se prendra pour le centre du monde et se permettra de te donner des ordres à sa guise. Ma fille, tu es une Novikov et tu dois te montrer digne de cela !
— Et si cela me plaisait ? Et si vouloir faire ce métier de secrétaire était le début de mon plan de carrière ? demanda la jeune fille.
— Efface cela de ta pensée, ma fille. Je dis cela pour ton bien. Tu n’es pas née pour un tel destin ; crois-moi.
— Et je suis née pour quel destin ? demanda la jeune fille, toute impatiente de recevoir une réponse de la part de sa mère.
— Tu sais que nous sommes chrétiens depuis plusieurs générations et notre famille a, à chaque génération, un membre dans l’église. Cette génération semble vouloir déroger à cette règle. Ton frère aîné est décédé et ton autre frère s’est engagé dans l’armée. Il ne reste donc que toi pour honorer la famille sur le plan religieux, finit par dire la maman.
— Où veux-tu en venir, maman ?
— Je veux que tu deviennes un diacre de notre communauté. C’est un métier que beaucoup pensent réserver aux hommes, mais ma fille va surprendre tout le monde. Tu seras parmi les personnes les plus vues dans notre église. Des gens vont compter sur toi, tu apporteras ton aide aux gens. Je ne sais pas si tu vois l’ampleur du rôle que tu vas occuper dans la société si tu embrassais avec passion une telle carrière au lieu de devenir une simple secrétaire à la merci d’un idiot, finit par dire la mère de Klara.
La jeune fille resta silencieuse un petit instant sans savoir ce qu’elle allait dire. Dans sa tête, plusieurs questions se bousculaient, mais elle ne pouvait les poser, car sa mère avait l’air déterminée dans son raisonnement. La jeune fille en ce moment ne voulait pas devenir diacre, mais la grande question était de savoir si elle avait le choix. Sa mère avait tellement pris de bonnes décisions à son sujet et s’est énormément sacrifiée pour l’élever que faire sa volonté serait la moindre des choses. Après ce long moment de silence, la mère reprit la conversation.
— Il te suffirait de faire des études en théologie et tu connaîtras tout ce qu’il faut connaître pour devenir un diacre dans une église protestante. Si tu atteins cet objectif, tu seras un modèle dans notre communauté, une source d’inspiration pour de nombreuses filles qui rêvent de devenir secrétaires ou un autre métier de bas étage où on se retrouve sous les bottes des hommes. En étant diacre, tu seras élevée au même titre que plusieurs hommes et tu tutoieras les plus grandes instances. Tu seras une des rares femmes à évoluer dans ce milieu. Tu es une fille brillante et je pense au plus profond de moi que cette carrière t’est destinée. Tu pourrais accomplir de grandes choses pour la gloire de notre Seigneur, dit finalement la mère en se levant du lit de sa fille sur lequel elle était assise.
Klara restait toujours silencieuse et ne savait quoi dire. Elle regardait juste sa mère qui faisait son monologue et avait l’air si passionnée par ce qu’elle disait. Elle avait l’air d’y croire et cela se voyait nettement à travers son regard.
— Je vais te laisser le temps de rechercher des universités dans la région qui vont te permettre de faire cela. Je ne vais pas tolérer que tu quittes la ville ou que tu quittes le pays et que tu reviennes sans ton diplôme comme l’a fait l’idiot que le voisin a comme fils. Je vais prendre soin de toi afin que tu obtiennes ton diplôme le plus tôt possible, finit par dire la mère qui, cette fois-ci, prit la direction de la sortie.
Elle laissa Klara seule dans sa chambre. La jeune fille, depuis quelques minutes, n’avait placé le moindre mot et ne savait toujours pas ce qu’elle allait dire ou faire. Visiblement, la décision avai été prise et il fallait se mettre tout de suite au travail. Klara était consciente du fait qu’elle n’avait pas le choix. Elle devrait donc se conformer aux volontés de sa mère. La jeunette fit donc ses recherches et vit les universités qui proposaient ce genre d’études. En quelques clics, elle réussit à trouver les meilleures universités qui se trouvaient près de leur maison.
*
Moins de quatre mois plus tard, c’était le jour de la rentrée, le début d’une toute nouvelle vie. Durant les vacances, la jeune fille a longuement eu le temps de mettre une croix sur ses rêves et de prendre à bras le corps ceux de sa mère. Le premier jour de la rentrée, elle foula le sol de l’université avec une peur au ventre. En entrant dans cette université de théologie, la jeune fille savait qu’elle aurait affaire à beaucoup d’hommes. En marchant dans les couloirs de l’université, elle n’avait pas encore eu la chance de rencontrer une autre fille ayant l’air d’une étudiante comme elle. Cela ne lui plaisait pas au fond, mais elle allait quand même devoir continuer.
Klara rejoignit sa salle pour son tout premier cours. Comme elle pouvait s’y attendre, elle était la seule femme de la salle au milieu d’une quinzaine d’hommes. Aux yeux de la jeune fille, la célèbre phrase de sa mère qui était « la société actuelle est remplie de testostérone » venait de prendre tout son sens. Les tout premiers jours n’étaient pas faciles pour la jeune fille, car elle devait supporter les regards de ses camarades. Au début, ce n’était juste que des regards qui avaient l’air de vouloir dire « mais que fais-tu ici ? », « tu t’es trompée de filière, femme », ou encore « cet endroit n’est pas fait pour toi, jeune fille ». Gérer les regards de ces hommes n’était pas si difficile que cela. Avec les encouragements de sa mère, elle y arrivait parfaitement.
Un matin, alors que Klara n’avait pas entendu son réveil sonner, elle se pointa en retard au cours. C’était sa première bourde depuis le début de l’année, mais la jeune fille était consciente du fait qu’elle allait la payer très cher. C’était le cours sur « les enjeux de la communication en Église » qui était animé par monsieur Taran, un des enseignants les plus sévères de l’université. La jeune fille prit donc son courage à deux mains puis entra dans la salle.
— Vous avez sept minutes de retard et bientôt huit. Que s’est-il passé ? demanda monsieur Taran.
En un court instant, Klara s’était senti tiré d’affaire, car cette question de l’enseignant était un bon signe. Avant que la jeune fille ne puisse répondre à ladite question, l’enseignant reprit la parole.
— Vous avez perdu votre boîte de maquillage ou vous ne saviez pas quelle robe mettre ? demanda l’enseignant, ce qui fit marrer le reste de la classe.
— Je ne me maquille pas, monsieur, et cela est nettement visible, répondit la jeune fille.
— Seriez-vous en train d’insinuer que je ne vois pas ? Est-ce cela, mademoiselle ? demanda l’enseignant en retirant ses lunettes.
La jeune fille resta silencieuse et ne savait plus quoi répondre. D’un côté, elle voulait tenir tête à un homme comme l’a toujours indiqué sa mère, mais de l’autre, elle avait envie de respecter cet enseignant qui était devant elle.
— Vous savez, ce n’est pas parce que votre tête a l’air différente de celle des autres que vous allez faire ce que vous voulez dans cette classe. Vous êtes une étudiante et vous devez vous conformer à l’emploi du temps établi. Je suis gentil cette fois alors je vous laisse suivre le reste du cours, mais sachez que la prochaine fois, vous serez renvoyée purement et strictement. J’espère bien que vous me comprenez, conclut monsieur Taran.
— Oui, monsieur. C’est parfaitement noté.
Le reste de la classe commença par crier comme pour manifester leur mécontentement vis-à-vis de la décision que venait de prendre l’enseignant à l’égard de Klara Novikov. La jeune fille rejoignit sa place et se concentra immédiatement. Après un quart d’heure, deux jeunes étudiants entrèrent dans la salle. Ces derniers étaient également en retard, mais l’enseignant ne les réprimanda pas et ils allèrent s’asseoir dans le plus grand des calmes.
Les jours passèrent et la situation de la jeune fille se dégradait de plus en plus au sein de l’université. Klara n’était appréciée de personne et personne ne voulait devenir ami avec elle. La jeune fille, gênée par cette situation, en parla avec sa mère.
— Tu n’as pas besoin de te faire des amis, ma fille. D’ailleurs, je ne te paye pas les cours pour te faire des amis. Ces gens ne t’apporteront rien à part te montrer que tu es une fille et que tu n’es pas importante. Tu dois être forte mentalement pour pouvoir survivre, car chaque homme aura envie de te montrer qu’il est le chef ou qu’il est le roi. Tu dois te montrer armée contre ces idiots, dit la mère. Je suis presque sûre qu’un d’entre eux a déjà voulu te causer du tort ou a déjà tenté de te montrer qu’il était un homme.
Klara pensa à ce moment au professeur, mais ne voulut pas en parler à sa mère.
— Non, pas pour le moment, répondit la jeune fille.
— Reste sur tes gardes et travaille, ma fille. Travaille, car seul le travail pourra t’ouvrir des portes. N’oublie pas…. commença par dire la mère de Klara avant de se faire interrompre par sa fille.
— Le monde est rempli de testostérone, ou encore, je suis une femme et je dois travailler doublement, dit la jeune fille en prenant son sac et en se dirigeant vers sa chambre.
— C’est cela, ma fille, répondit la mère qui regardait sa fille s’éloigner.
À l’université, les premières notes d’évaluations commençaient par sortir et cela ne réjouissait guère la jeune Klara. En effet, elle se retrouvait avec la note la plus faible pour deux évaluations successives. Cela n’augurait rien de bon et la mère de Klara ne serait pas contente si elle apprenait que sa fille avait de si mauvaises notes. Klara était consciente qu’il fallait remonter la pente si elle voulait faire honneur à sa mère et si elle voulait se faire respecter par les hommes de sa promotion. Un jour, alors qu’elle revenait de la cantine, la jeune fille se cogna contre l’épaule d’un de ses camarades.
— Tu pourrais regarder où tu marches ? demanda l’homme qui venait de cogner la jeune fille.
— Quoi ? Tu es venu me cogner intentionnellement et tu veux que ce soit moi qui fasse attention, c’est cela ? pesta Klara.
— Et si je veux cela, il y a un problème à ça ? demanda l’homme qui se rapprocha de la fille comme s’il voulait se battre.
Klara ne sachant quoi répondre face à cette menace resta silencieuse et se fraya un chemin.
— C’est ce que je me disais, pesta le jeune homme en regardant Klara rejoindre sa place. Tu n’es qu’une pauvre fille qui n’a pas sa place ici, continua le jeune homme en haussant le ton.
La jeune fille ayant entendu ce que venait de dire le jeune homme s’arrêta. Elle ne bougeait plus.
— Alors, tu viens montrer de quoi tu es capable ? La pauvre fille. Déjà que tu ne fous rien en classe je me demande comment tu pourras t’en sortir, ricana l’étudiant.
Les autres camarades regardèrent la scène sans intervenir. Personne n’avait l’air de soutenir Klara. Cette dernière continua alors par marcher et rejoignit sa place.
Les jours qui suivirent étaient encore plus pénibles pour Klara. La jeune fille subissait des agressions verbales de tous genres venant soit de la part de ses camarades ou de certains de ses professeurs. Elle n’était clairement pas la bienvenue même après trois mois de cours. D’un autre côté, Klara n’avait pas réussi à s’intégrer et ses notes ne s’amélioraient pas malgré le fait qu’elle fasse les efforts nécessaires. La jeune fille ne comprenait rien à ce qui se passait et se posait mille et une questions.
Un soir, en rentrant de l’université, la mère de Klara interrogea sa fille sur ses notes.
— Je me disais que tu serais suffisamment grande pour me parler de tes prouesses à l’université, mais visiblement ce n’est pas le cas.
Klara sentit donc que le moment de dire la vérité était venu :
— Maman, j’ai quelque chose à te dire.
— Qu’est-ce qu’il y a, ma fille ?
— Je ne peux plus – ne ne veux plus – continuer dans cette université.
Cette nouvelle avait l’air d’un coup de canon que venait de recevoir la mère de son enfant. Elle resta silencieuse quelques secondes sans savoir ce qu’elle allait répondre.
— Je peux savoir pourquoi ? finit-elle par demander.
— Après tout ce temps, je n’arrive toujours pas à m’adapter. Les cours sont abordables et je les comprends, mais à chaque contrôle de connaissance tout me parait si flou. Des fois, je suis convaincue d’avoir bien répondu aux questions, mais les notes ne reflètent en rien cela. Je suis désorientée et je ne sais pas ce que je dois faire. J’ai envie d’arrêter cette histoire et de trouver quelque chose d’autre qui me passionne.
— Abandonner à la première difficulté… Je me demande bien d’où tu as pu tirer ce comportement. Je t’ai expliqué à plusieurs reprises que ce monde est une jungle et qu’il va falloir être plus dure et plus féroce si tu veux t’en sortir. Les gens ne vont pas t’aimer. Ces garçons ou ces hommes ne vont pas t’aimer, car tu es une femme et tu tentes de prendre une place qu’ils pensent être la leur. Cela ne sera pas facile et tu dois être consciente de cela. Tu vas devoir mener le combat, car c’est une grande responsabilité que notre Seigneur te confie et tu te dois de l’assumer. D’ailleurs, veux-tu que je vienne dans ton université pour parler à ton recteur ? finit par demander la mère à sa fille qui avait un air abattu avec le regard plongé dans le vide.
— Non, non, non. Je vais m’en occuper. Je vais trouver une solution afin de me remettre sur les rails, répondit la jeune fille pour rassurer sa mère.
— D’accord, très bien.
Le lendemain, alors qu’elle sortait de son cours, Klara aperçut sa mère qui discutait avec le recteur. Au cours suivant, le recteur s’invita dans la salle. Il fixa tous les étudiants présents et principalement Klara.
— Vous savez quoi, nous sommes à l’université et il s’agit d’un lieu où d’anciens collégiens viennent voir comment se passe la vraie vie. En temps normal, c’est honteux de vous plaindre auprès de vos parents en ce qui concerne certaines situations. Vous êtes suffisamment grand pour savoir comment vous défendre tout seul sans que vos parents ne s’en mêlent. Vous êtes grands et je n’aimerais plus recevoir des visites de parents qui souhaitent que leurs filles soient traitées d’une meilleure manière.
Il n’en fallut pas plus pour que tout le monde devine de qui parlait le recteur. Dès que ce dernier sortit de la salle, tous les regards se tournèrent vers Klara.
— Alors, mademoiselle va chialer à la maison et maman vient se plaindre à l’université, dit l’un des voisins de Klara.
— Apparemment, elle recherche de meilleures conditions, dit un autre.
— Elle sera servie.
Toute la classe s’en mêla alors et la jeune fille se retrouva au milieu de tout cela. Exaspérée par tout ce qui se passait, elle mit sa tête contre la table en essayant de retrouver ses esprits. Quelques minutes plus tard, elle entendit son prénom.
— Klara Novikov, le recteur vous convoque dans son bureau, dit le professeur.
Klara se leva donc et se dirigea vers le bureau du recteur. Après moins de cinq minutes, elle revint dans la salle. Derrière elle se trouvait le professeur qui devait animer le prochain cours. La jeune fille semblait ne pas être contente et en marchant pour rejoindre sa place, elle ne cessait de fixer son camarade qui lui avait dit quelques instants plus tôt que le recteur voulait la voir.
Une fois à sa place, la jeune fille fut totalement surprise :
— Qui a fait cela ? cria-t-elle en regardant sa chaise.
— En effet, la chaise de la jeune fille était recouverte d’encre de couleur bleue.
— Asseyez-vous, je veux commencer mon cours, dit l’enseignant.
Klara ne pouvait pas s’asseoir au risque de salir ses vêtements, mais l’enseignant n’avait pas vraiment l’air de chercher à comprendre ce qui se passait.
— Monsieur, je ne peux pas m’asseoir, car ma chaise est recouverte d’encre, dit Klara au milieu de cette salle qui se moquait d’elle.
— Je ne veux rien savoir. Asseyez-vous ou sortez de ma salle. Je ne suis pas à un cours de gymnastique pour que mes étudiants restent debout pour le suivre. Soit vous vous trouvez une nouvelle chaise, soit vous sortez de mon cours. Mais vu l’état scandaleux de vos notes, ne pas suivre le cours vous serait préjudiciable. Je vous donne quinze secondes pour vous décider. Asseyez-vous ou sortez de mon cours. À vous de voir, mademoiselle Novikov, finit par déclarer l’enseignant.
La jeune fille regarda autour d’elle, mais il n’y avait pas d’autres chaises vides. En pensant également à ses notes, elle ne pouvait pas se permettre de rater le cours. Elle décida donc de nettoyer la chaise, mais c’était presque peine perdue. Elle finit par s’asseoir sur cette chaise sous les moqueries de ses camarades.
L’université devenait de plus en plus un lieu détestable pour la jeune fille. Ses camarades l’agressaient et elle ne pouvait que subir, car il n’y avait personne pour prendre sa défense. Les jours de cours se suivaient et se ressemblaient. La grande question que se posait la jeune fille chaque matin était ce que ses camarades allaient lui faire dans la journée. Ils lui avaient fait tellement de coups bas qu’elle s’imaginait difficilement ce qu’ils allaient faire de nouveau qui pourrait la choquer. La jeune fille avait déjà reçu des œufs dans les cheveux, un pot de peinture en plein visage, des gifles venant de la part de l’un de ses camarades pour une raison insignifiante. Elle a même été victime d’une chute, car sa chaise avait de nouveau été sabotée. Les autres étudiants faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour que la jeune Klara abandonne cette filière dite pour homme. La jeune fille n’en pouvait plus au fond, mais à cause de sa mère, elle se devait de continuer, réussir l’année en espérant que la deuxième année serait différente. Le pire dans tout cela était qu’elle ne pouvait en parler à personne. Ni à sa mère – au risque que cette dernière débarque pour se plaindre encore auprès du recteur – ni auprès de son frère, car ce dernier était de l’autre côté du monde en train de défendre la nation. La seule personne à qui elle pouvait espérer parler aurait été son père, mais qui est malheureusement mort. La jeune fille se sentait seule et était rongée par la tristesse et l’amertume. Plus rien n’allait dans sa vie.
Un après-midi, alors qu’elle était rentrée plus tôt que prévu de l’université, elle ne vit personne à la maison. Tout était si calme et Klara entra dans sa chambre, s’engloutit dans son lit et se mit à pleureur toutes les larmes de son corps. Elle n’en pouvait vraiment plus et les larmes étaient les seuls moyens qu’elle avait trouvés afin d’extérioriser ce qu’elle vivait depuis quelques mois. La jeune fille se sentait seule, triste et dévastée à l’intérieur, mais elle devrait faire semblant afin de montrer à ses quelques amis, voisins et parents qu’elle allait bien. Ses notes à l’école ne s’amélioraient pas, car les professeurs étaient très durs avec elle malgré tout l’effort qu’elle faisait. Pour réconforter sa mère, elle falsifiait certaines notes désastreuses. La jeune Klara souffrait.
Un jour, asphyxiée par sa situation, la jeune fille décida d’aller se changer les idées au parc. Ce parc était proche de plusieurs universités et accueillait donc des étudiants qui venaient passer du temps ensemble. Une fois dans le parc, Klara voyait des groupes d’étudiants et se rendit vite compte qu’elle était la seule personne à être seule. Elle trouva un banc auprès de trois jeunes garçons qui avaient l’air d’être des geeks. La jeune fille n’avait pas grand-chose à faire donc elle prêta une oreille attentive à ce que disaient les jeunes hommes.
— C’est un truc énorme, beaucoup ne le connaissent pas et je suis sûr que si cela se révélait au plus grand monde, ce serait un grand désordre, dit l’un des étudiants qui avait les cheveux assez longs.
— Beaucoup sont au courant, mais beaucoup ne savent pas vraiment comment cela fonctionne. D’autres sont même étonnés à l’idée qu’il puisse exister un marché noir sur Internet, répondit l’autre étudiant aux grosses lunettes.
— Et vous pensez vraiment que l’on peut tout avoir sur cela ? Imaginez qu’on puisse vraiment tout avoir. Les filles, la drogue, les armes… tout ce qui peut envoyer dans une autre dimension, déclara le troisième étudiant qui avait une casquette bleue.
— J’imagine, mais il ne faut pas oublier que ce monde est assez dangereux, répondit le binoclard. Vous voulez qu’on y fasse un tour afin de voir les différentes offres ? finit-il par proposer.
— D’accord, répondit les deux autres au même moment.
— Connectons-nous au dark web alors, répondit l’étudiant aux lunettes.
Klara avait suivi toute la conversation et elle semblait intéressée la jeune fille. En rentrant chez elle, elle fit quelques recherches sur l’existence d’un probable marché noir sur internet et vit que ce dernier était appelé le Dark Web. Toutes formes de transactions assez douteuses s’y faisaient et les échanges étaient intraçables. La jeune fille arrêta ses recherches, car elle ne voyait pas pour quelle raison, elle aurait besoin d’utiliser cette partie noire d’internet.
Les jours qui suivirent, l’université était toujours pareille et tout aussi pénible.
Un lundi, alors que le weekend venait de s’achever, la jeune fille devait de nouveau se coltiner ses camarades. Elle était psychologiquement préparée à ce qui pouvait lui arriver, mais les autres étudiants poussaient encore la barre plus haute. En voulant entrer dans la salle de cours, la jeune Klara fut accostée par un de ses tortionnaires. Prise de peur, ce dernier la rassura.
— Oh là. Calme-toi, jeune fille. Je ne te veux aucun mal, dit l’étudiant nommé Jeremy.
— Que me veux-tu encore ? demanda Klara en haussant le ton et en devenant toute nerveuse.
— Il faut que tu te calmes, ma sœur. Je suis venu en paix pour te parler, répondit Jeremy.
— Toi, en paix ? Cela m’étonnerait beaucoup.
— Je ne suis pas si méchant que ça et tu peux me croire.
— Tu peux me dire ce que tu veux pour que je puisse entrer dans cette salle afin de suivre les cours et rentrer chez moi ? demanda Klara.
— Je suis venu m’excuser.
La jeune fille, en entendant ces mots, était totalement confuse, car elle pouvait tout imaginer au sujet de cet étudiant, mais le fait de présenter des excuses n’était pas envisageable.
— Je sais que nous avons été durs avec toi depuis le début de l’année, mais ce n’était pas vraiment de mauvaise foi. Nous voulons voir si tu pouvais tenir, car au bout de ces études, une mission nous sera confiée et il va falloir être forte pour assumer cela. Tu dois être encore plus forte, car tu es une femme dans un monde dominé par les hommes.
— Je ne crois pas à tes excuses, mon frère. Tu ferais mieux de quitter mon chemin afin que je puisse passer.
— Je savais que tu allais répondre cela alors j’ai prévu de te montrer quelque chose. Pourrais-tu me suivre, s’il te plait ? demanda poliment Jérémy qui prit la direction du gymnase.
Klara resta figée quelques secondes sans savoir quoi faire. Elle se demandait si elle allait entrer dans cette salle ou suivre un de ses tortionnaires qui venait de s’excuser. Finalement, elle décida de suivre Jérémy. Jérémy entra dans le gymnase, mais dès que Klara franchit le seuil de la porte, elle fut attaquée par-derrière par deux gaillards.
— Lâchez-moi, lâchez-moi ! cria Klara en se débattant comme elle pouvait.
Les deux personnes qui maintenaient la jeune fille tranquille n’obéissaient guère à cet ordre. Ils la transportèrent pour la faire asseoir de force sur une chaise. Solidement maintenue assise, la jeune fille fut attachée au niveau des mains et des pieds. Elle ne pouvait donc plus bouger sans tomber avec la chaise.
Que me veux-tu à la fin ? demanda Klara à Jérémy qui se tenait devant elle accompagné de quatre autres étudiants.
— Ta démission, dit Jérémy.
— Démissionner ? Mais de quoi tu parles ? demanda Klara qui ne comprenait pas ce que voulait le jeune homme.
— Je veux juste que tu démissionnes, que tu renonces aux cours dans cette université. Je veux que tu ailles t’inscrire dans une autre université. Tu peux comprendre cela ?
— Pourquoi vais-je faire une chose pareille ? demanda la fille, toujours ligotée à la chaise.
— Le métier de diacre n’est pas pour une femme. C’est un monde d’hommes et notre communauté n’a pas besoin des personnes comme toi. J’espère que tu comprends. Ce que nous faisons n’a rien de personnel.
Klara resta silencieuse pendant un moment avant de déclarer :
— Je ne comprends pas et je crois que je n’ai jamais compris de quoi vous aviez peur. D’une femme ? D’un être que vous traitez d’inférieur à vous ? Si vous pensez que vous êtes si supérieur à moi, pourquoi ne me laissez-vous pas en paix afin que l’on puisse voir qui finira son cursus et deviendra diacre dans l’Église ? Au lieu de cela, pauvres lâches que vous êtes, vous vous ruez à trois sur une fille sans défense, la ligotez pour qu’elle fasse ce que vous souhaitez. Je crois que durant toute ma vie, je n’ai jamais vu un être supérieur qui se sente obligé de ligoter un être inférieur dans le but de faire passer ses bons vouloirs. Vous êtes l’exception, pauvres lâches.
— Tout ce que nous te demandons, c’est de te retirer de la course, ma sœur. C’est tout ce que nous voulons.
— Il y a de la place pour tout le monde dans cette course, mon frère. Pourquoi vouloir m’éliminer de cette manière ? demanda Klara.
— Justement. Il n’y a pas de place pour tout le monde. À cause d’un être comme toi, mon père n’est plus que l’ombre de lui-même.
— Waouh ? Finalement, qu’allez-vous faire des quelques femmes qui sont devenues diacres ?
— À elles, nous souhaitons tout ce qu’il y a de pire dans ce monde, surtout au diacre Claire Michelson, commençait par dire Jérémy. Laisse-moi te raconter une histoire. Mon père enseigne actuellement une matière qui ressemble à de la théologie à des enfants du collège dans une ville paumée alors qu’il était destiné à devenir un diacre. Tout cela, c’est de la faute à cette dame qui a été prise au détriment de mon père, car ils ont trouvé que cette dame avait plus de mérite que mon père. Tu entends ça ? Elle avait du mérite alors qu’elle n’est même pas Ukrainienne. À cause d’elle, mon père a énormément souffert, et la suite, je t’épargne de cela.
— Il fallait juste m’épargner du fait que ton père était un lâche. Tel père, tel fils apparemment.
— Pense ce que tu veux, pauvre fille. Les cours vont bientôt commencer et malheureusement pour toi, tu ne pourras pas les suivre. Nous allons te bâillonner et te laisser ici afin que tu puisses réfléchir calmement à ta situation. À notre retour après les cours, nous espérons que tu auras changé d’avis. Si ce n’est pas le cas, chaque matin que Dieu fera, tu seras ligotée à cette chaise jusqu’à ce que tu arrêtes de venir dans cette université où tu n’as pas ta place, affirma Jérémy.
La jeune fille fut donc bâillonnée et laissée dans ce gymnase durant des heures. Elle ruminait et était vraiment en colère contre ses camarades. À l’intérieur, elle bouillonnait, mais savait qu’elle ne pouvait rien faire à ces gaillards. Finalement et par chance, un des agents de sécurité de l’université en faisant sa ronde finit par découvrir la jeune fille attachée à une chaise. La jeune fille fut alors détachée. Klara rentra ensuite chez elle, entra dans sa chambre et commença par pleurer. Pour elle, c’était l’acte de trop.
*
Les autres jours de la semaine, et sachant ce qui allait se passer si elle se rendait à l’université, la jeune fille ne se rendit donc pas en cours. Elle restait chez elle et réfléchissait à tout ce qui lui arrivait depuis des mois. Elle pensait à toute cette situation qu’elle endurait à cause de sa formation universitaire. La jeune fille était en colère contre la terre entière et toutes sortes d’idées lui traversaient l’esprit. Jamais de sa vie elle n’avait ressenti autant de haine.
Le samedi, premier jour d’un weekend décisif, Klara se réveilla de bonne humeur, mais encore une fois, penser aux choses qui se passaient dans sa vie anéantissait son bonheur. La jeune fille se rapprochait de son ordinateur et à l’aide des informations qu’elle a pu collecter sur le marché noir d’Internet, elle réussit à se connecter. En effet, grâce au programme Tor et à son navigateur Mozilla Firefox, la jeune fille avait accès au Dark Web. Elle se lança donc à la recherche d’un outil qui allait lui permettre de se venger de ses camarades. Elle scrolla les différentes offres et finit par tomber sur l’annonce d’une personne portant le pseudonyme « weapons_usa ». La jeune Klara fut éblouie par le stock d’armes dont disposait cette personne. Elle passa plusieurs minutes à regarder les armes, leurs portées de tir, le nombre de cartouches qu’elles pouvaient contenir, les types de systèmes intégrés et autres. Son choix s’était finalement porté sur une Kalashnikov AK-47 qui était une arme d’une puissance redoutable. Il ne restait plus qu’à conclure le deal en payant le marchand. La jeune fille créa donc un compte Binance, ce qui lui permettait de payer par Bitcoin. Tout se passait assez bien et la jeune fille venait d’acheter l’arme ainsi que 5000 cartouches « 7,62 × 39 mm M43 » pour un total de 7 450 dollars à payer.
Le vendeur accepta la commande, mais posa de nouvelles conditions. En effet, comme la jeune fille se trouvait en Europe, l’envoi était assez compliqué. « weapons_usa » exigeait donc un complément de 25 dollars américains. Face à cette envie pressante d’avoir cette arme, la jeune fille n’hésita pas à accepter. La commande fut donc validée et la jeune fille se trouvait dans l’attente de son joujou. Deux jours plus tard, elle reçut de la part du vendeur le numéro de suivi. Depuis la poste ukrainienne, elle suivit le colis en espérant que cela ne passe pas par la douane.
Après 7 jours supplémentaires, elle réceptionna finalement le colis. Elle reçut son arme flambant neuve. Le jour de la livraison, la mère de Klara remarqua le sac contenant l’arme et interrogea sa fille.
— Qu’y a-t-il dans ce sac, ma fille ? demanda la mère.
— Je crois que j’ai droit à une intimité dans cette maison, tu ne crois pas ?
— Tu me dis ce que c’est ? insista la mère qui avait l’air toute curieuse.
— Disons que c’est un truc pour me sentir mieux. Avec cela, je pourrai régler certains de mes petits pépins, dit la jeune fille.
— J’espère que c’est pour l’université, demanda la mère.
— Oh, oui. C’est pour l’université. C’est même exclusivement pour l’université. Je crois qu’après avoir expérimenté cela, je vais beaucoup plus m’épanouir.
— D’accord. Je suis contente que tu fasses des efforts pour améliorer les choses. Je sais que ce n’est pas facile pour toi, mais ton engagement pour la gloire de notre Seigneur me fait énormément plaisir.
— Je te remercie, maman, conclut Klara qui se dirigea vers sa chambre.
Une fois à l’intérieur, elle verrouilla la porte et posa le sac contenant l’arme sur son lit. Elle fit sortir l’arme et pour la première fois de sa vie, elle pouvait tenir entre ses mains une AK-47 de la marque Kalashnikov. Elle contemplait l’objet et se disait au fond d’elle qu’il était la clé pouvant lui permettre de régler ses problèmes. Le reste du weekend de la jeune fille fut consacré à des tutoriels en ligne pour savoir comment utiliser une arme. Au bout d’un jour, la jeune fille maîtrisait théoriquement l’arme, mais elle aurait le temps de tirer dans les heures qui allaient suivre. Klara avait déjà tiré avec des armes, mais jamais avec ce modèle. Son frère Yvan lui avait montré les bases, ce qui lui avait permis d’avoir quelques notions dans le domaine. La jeune fille était donc prête pour le grand jour.
*
Le lundi matin, la jeune fille se réveilla, fit un léger sourire et se rendit sous la douche. Elle se prépara en enfilant une tenue très pratique et, en dessous de sa chemise, elle mit quelques plaques de kevlar.
Klara savait que ce qu’elle était sur le point de faire allait être un vrai carnage, alors elle se prépara en conséquence. En voulant sortir de la maison, Klara serra fort sa mère dans ses bras.
— Que se passe-t-il, ma fille ? demanda la mère qui était étonnée par l’attitude de sa fille.
— Une fille n’a-t-elle plus le droit de serrer sa mère dans ses bras ? demanda Klara avec ironie.
— Oui, excuse-moi, dit la mère qui prit à nouveau sa fille dans ses bras.
— Je te laisse, je vais à l’université, dit Klara. N’oublie pas, je t’aime, dit-elle en sortant de la chambre de sa mère.
En sortant de la maison avec son sac sur les épaules, Klara regarda la maison comme si c’était la dernière fois qu’elle la verrait. C’était peut-être le cas, car si elle mettait réellement son plan à exécution, elle finirait soit en prison, soit morte. Mais cela lui était bien égal tant qu’elle arrivait à se libérer de toute cette haine qu’elle avait accumulée durant ses quelques mois passés à l’université.
Klara était à présent devant son université, le lieu où du sang allait commencer par couler dans quelques minutes. La jeune fille n’eut pas de mal à entrer dans l’université étant une des leurs. Elle voulut patienter dans un coin en attendant que les cours démarrent et que les étudiants soient dans leurs salles. Pour cela, la jeune fille alla donc dans le gymnase vide, s’assit dans les gradins et fit sortir son arme. Son sac était rempli de cartouches et théoriquement, elle pouvait tuer tous les étudiants de l’université si elle visait bien. La jeune fille tenait son arme dans les mains et fixait l’endroit du gymnase où elle fut ligotée à une chaise. Elle se rappela tous les mots que lui balançait Jérémy. Plus elle se rappelait de ces moments de souffrance qu’elle avait endurée dans cette université, plus sa colère devenait grande.
Il était maintenant huit heures et trente-sept minutes à sa montre. Elle chargea son arme, l’enfouit dans son sac, puis mit ce dernier au dos et se dirigea vers sa salle de cours. Une fois devant la salle, la jeune fille s’arrêta un petit instant. Au fond d’elle, elle eut une réflexion assez étonnante. En effet, d’habitude, lorsqu’elle s’apprêtait à faire quelque chose d’anormal, sa conscience le lui interdisait, mais pour cette fois-ci, c’était comme si sa conscience n’existait plus et qu’elle était en roue libre ; sans aucune voix intérieure pour la recadrer. D’ailleurs, elle n’avait pas envie d’être recadrée, car elle trouvait que c’était le moment de se lâcher et de s’exprimer à travers sa Kalachnikov.
Klara poussa donc la porte de la salle et entra.
— Vous êtes encore une fois en retard et cette fois-ci, c’est de plus d’une demi-heure. Il va falloir que vous sachiez ce que vous voulez faire de votre vie. Soit aller à l’université ou dormir chez vous à la maison, dit le professeur qui arrêtait son cours pour s’adresser à Klara.
Klara resta immobile et écoutait le professeur. D’un geste calme, elle ramena son sac vers l’avant, l’ouvrit et fit sortir l’arme. Plusieurs étudiants présents dans la salle n’avaient presque jamais vu une arme à feu de leur vie. Ils furent pris de peur.
— Quoi ? Mais elle tient une arme ! dit un étudiant. C’est une vraie ?!
— Très perspicace. Je tiens vraiment une arme et je vous le dis tout de suite, il ne s’agit pas d’un jouet ou d’un truc dans le genre. C’est une vraie arme capable de faire un trou entre les deux yeux d’une personne, de perforer les poumons, d’endommager le cœur. Donc je vous demande de garder votre calme, assura Klara d’un ton calme, comme si elle avait fait cela toute sa vie.
La classe était toute paniquée. On pouvait lire de la peur sur le visage des étudiants, mais une sorte d’épanouissement sur le visage de Klara.
— Ne vous en faites pas. Tout ira bien, commença par dire Klara. Mais pourquoi je dis cela ? Rien n’ira bien, car vous n’avez aucune chance de sortir de cette salle en vie, finit-elle par dire.
Cette dernière phrase de l’étudiante affola tout le reste de la classe y compris le professeur. La jeune fille regardait les étudiants et pouvait ressentir cette ascendance qu’elle avait sur eux. Ces étudiants qui se croyaient supérieurs à elle étaient désormais à sa merci.
— Maintenant, rangez-vous dans le coin là-bas, demanda Klara.
— Est-ce que tu sais t’en servir au moins ? demanda le professeur.
— Vous avez envie de vérifier cela ? répondit-elle au professeur en pointant son arme sur lui.
— Non, non… répondit-il timidement.
— C’est ce que je pensais.
Les secondes passèrent et la classe se rangeait dans un coin sous les ordres de la jeune fille.
— Pourquoi fais-tu cela ? demanda un des étudiants qui n’avait jamais rien fait pour nuire à la jeune fille.
— Est-ce une question rhétorique ou tu espères vraiment que je te donne une réponse à cette question ? Quand je suis venue dans cette université, c’était pour avoir une chance afin de faire quelque chose de ma vie comme ma mère l’avait voulu. Cette dame a tellement de fois eu raison que je n’ai pu rien dire quand elle m’a proposé de devenir diacre dans notre église. J’ai accepté, mais malheureusement pour moi, je vous ai rencontré sur mon chemin. J’ai rencontré des personnes qui pensent qu’être un homme les place au-dessus de la femme. J’ai rencontré des personnes qui n’ont aucun scrupule à marcher sur la femme pour obtenir ce qu’ils veulent, répondit Klara tout en regardant Jérémy.
— Maintenant que voulez-vous ? demanda le professeur. Pourquoi nous menacer ?
— Vous pensez que je vous menace ? Les menaces, c’est pour les gens faibles de votre tranche. Je ne vous menace pas, mes chers hommes.
— Laissez-moi sortir, s’il vous plaît ! supplia l’un des étudiants.
— Aucune chance, jeune ho…
Klara n’eut pas le temps de terminer sa phrase quand un des étudiants tenta de sortir. Mais Klara pointa son arme vers lui alors il se ravisa et se mit dans les rangs.
— Jérémy, recule. Recule ! cria Klara.
Jérémy traînait les pas, mais il finit par reculer.
— Tu es une plaie pour l’humanité et je n’ose pas te dire tout le mal que tu as pu me faire à travers tes propos et tes actes. Tu sais quoi, en dormant la nuit dernière, je me suis dit que j’allais commencer par toi, annonça Klara en faisant un pas en arrière.
— Commencer quoi par moi ? demanda le jeune homme tout effrayé.
Klara sans aucune pitié ouvrit le feu sur le jeune homme sans défense. Elle vida la moitié d’un chargeur de trente cartouches sur le jeune homme qui n’eut aucune chance de survie. Dans la foulée, sa maladresse avait occasionné des blessures au sein du groupe d’étudiants derrière Jérémy. Après la mort de Jérémy, Klara tira sur le groupe et vida le reste du chargeur sur eux. Le temps de recharger son arme, les survivants se jetaient par la fenêtre et tombaient sur le sol. Klara ne s’occupait plus d’eux. Dès que l’arme fut rechargée, elle se mit de nouveau à tirer sur les survivants et les tua. Klara avait abattu presque tous ses camarades et les quelques-uns qui avaient sauté du cinquième étage avaient fini mort sur le parking.
Toute l’université était à présent alertée et tout le monde savait qu’il y avait une personne armée dans les locaux de l’université. Klara sortit de cette salle remplie de cadavres et se dirigea vers le couloir. Elle vit des étudiants paniqués qui couraient dans tous les sens. Elle ouvrit avec rage le feu sur eux et fit de nombreuses victimes. Plusieurs étudiants n’avaient aucune chance de survie et s’écroulaient dans le couloir de l’université comme un château de cartes. En quelques secondes, le couloir était devenu si calme. Certains étudiants avaient réussi à s’enfuir et d’autres, sans vie, étaient allongés sur le sol.
Le recteur de l’université quant à lui, tenta de rejoindre la sortie de l’université, mais cela l’obligea à passer par le couloir.
— Mais qu’avez-vous fait ? demanda le recteur qui regardait Klara en train de recharger son fusil d’assaut.
— Ça ? Je dirai que je débarrasse le monde de quelques personnes pourries. Je crois que les femmes de cette Terre vont me remercier pour ce geste. Venez, rapprochez-vous, dit Klara.
— Le recteur resta figé sans obéir à l’ordre de Klara.
— Je vous ordonne de venir. Cette arme a une portée de plus de trois cents mètres et je peux tirer sur vous d’où je suis. Alors, ne vous faites pas prier, venez à moi, insista Klara d’une voix sombre.
Le recteur commença donc par se déplacer lentement vers Klara et subitement, cette dernière ouvrit le feu sur le recteur et le cribla de balles.
— Vous lambiniez trop et d’autres pourritures sont en train de m’échapper, marmonna la jeune fille en se dirigeant vers la sortie de l’université.
Ce n’était pas réellement le cas. En effet, la politique de l’université était assez stricte et elle ne laissait pas les étudiants sortir de l’établissement lors des heures de cours. La porte était donc fermée et la seule option était d’escalader le mur qui mesurait environ trois mètres. Un grand nombre d’étudiants était donc réuni sur la grande cour avec de la peur qui pouvait se lire sur leur visage.
— N’ayez pas peur, souffla Klara qui venait de les rejoindre.
— Pourquoi vous faites cela ? demanda un étudiant qui n’était pas dans la salle de Klara.
— Vous êtes étudiant en quelle année déjà ? demanda Klara.
— Troisième année. Je… Je suis en troisième année… Ne me tuez pas, je vous en conjure !
— Alors combien de femmes y a-t-il dans votre salle ? questionna Klara qui d’un coup entendit un son qui lui était familier.
Il s’agissait du son d’une sirène de voiture de police. Prise de peur, elle ouvrit à nouveau le feu sur les étudiants dans la cour et fit une dizaine de morts dans cette rafale de tirs. Des étudiants agonisaient pendant que Klara regardait son arme et attendait impatiemment que les policiers trouvent un moyen d’entrer dans l’université.
— Jetez votre arme ! hurla un policier dans un mégaphone.
En entendant la voix du policier, Klara se sentait encore plus confiante et ressentait une montée d’adrénaline. Jamais de sa vie elle n’avait ressenti un si grand sentiment de puissance. Elle pointa son arme vers la grande porte et tira quelques balles dans la serrure qui finit par céder. Klara invitait par ce geste la police à entrer, car elle était confiante sur le fait que son arme était bien plus puissante que celles des policiers. Les étudiants étaient entassés dans un coin et certains étaient en pleurs afin que Klara épargne leur vie. La jeune fille, dans l’intention de rendre plus intéressant son assaut, tira quelques balles dans une des voitures de police. La police répliqua, mais Klara avait eu le temps de se cacher pour éviter les quelques balles tirées.
— Ils n’ont que des pistolets, ces gars. Rien de bien concret, se dit-elle en changeant son chargeur.
Elle se remit en position d’attaque dans le but de tirer sur les policiers, mais à sa grande surprise, elle vit des étudiants qui tentaient de s’échapper.
— Venez, venez, cria l’un des policiers que Klara ne pouvait pas voir.
La jeune fille, d’un geste de rage, ouvrit le feu sur les étudiants qui tentaient de s’enfuir. Elle vida en quelques secondes le chargeur et fit une demi-douzaine de morts. Entre le moment où la jeune fille se rendit compte que son chargeur était vide et celui où elle prit un autre chargeur de son sac, un des policiers lui tira dessus, d’une balle qui était partie pour se loger dans la poitrine de la jeune fille. Heureusement, la balle fut arrêtée par la plaque de kevlar. La jeune fille était toujours en vie et pouvait se cacher à nouveau afin de se préparer pour une nouvelle attaque. Elle rechargea son fusil, revint et vit d’autres étudiants qui tentaient de s’enfuir. Elle ouvrit de nouveau le feu sur eux, descendit les escaliers et se retrouva dans la grande cour. Son intention en ce moment était de tirer et d’anéantir le groupe d’étudiants qui restait.
— Non, non. Ne tirez pas, supplia l’un des étudiants du groupe.
Ces mots ne pouvaient guère arrêter la jeune fille. Elle se mit à tirer sur le groupe d’étudiants et les vit tous mourir. Pendant ce temps, la police voulut répliquer, car la jeune fille leur faisait dos. En quelques secondes, elle se retourna et un déluge de balles pleuvait sur la voiture des policiers. La jeune fille ne pouvait savoir si elle avait atteint un policier ou pas.
— Mais comment cela se fait-il qu’elle soit toujours en vie ? J’aurais parié qu’une ou deux balles l’avaient touchée à la poitrine,remarqua un des policiers.
— Elle porte peut-être un gilet pare-balles.
— Malheureusement pour nous, nous n’avons pas le matériel pour affronter cette jeune fille et son arme, dit l’un des policiers.
Après plus de deux minutes, Klara ne tira aucun coup de feu. Les policiers restaient toujours sur leurs gardes, mais ils finissent par entendre un coup de feu qui venait de l’intérieur de l’université.
— Elle est dans une des classes, suggéra l’un des policiers.
Les policiers envoyés sur le terrain décidèrent donc d’entrer dans l’université afin de tenter d’arrêter la jeune fille. Pendant ce temps, Klara se trouvait dans une salle de cours. En effet, seuls quelques étudiants avaient eu le réflexe de sortir. D’autres s’étaient barricadés dans leurs salles en priant pour que l’ange de la mort ne vienne pas les visiter. Malheureusement, leurs prières n’avaient pas été exaucées, car Klara avait découvert leurs plans.
Les agents de police profitaient du temps que passait Klara dans l’autre salle afin de libérer certains étudiants en les mettant à l’abri. Tout fonctionnait à merveille jusqu’à ce que Klara n’entende des bruits provenant du couloir. Elle sortit pour voir ce qui se passait quand elle tomba nez à nez avec un groupe d’étudiants guidé par un policier. Le policier ayant senti la rafale de tirs qui allait venir, cria pour alerter les étudiants. Néanmoins, c’était trop tard, car Klara avait ouvert le feu et avait gravement touché quelques étudiants. La police réussit quand même à s’éloigner avec quelques étudiants. Pendant ce temps, Klara revint dans la salle où elle était quelques instants plus tôt.
— Alors, nous en étions où ? demanda la jeune fille. Ah, je me souviens. Avez-vous une dernière volonté ? finit par demander Klara en chargeant son arme.
La salle était si silencieuse qu’on aurait cru qu’il n’y avait personne. Les quelques bruits qu’on percevait étaient les battements de cœurs de ces pauvres étudiants devant la mort certaine qui les attendait.
— Si vous n’avez aucune dernière volonté alors je ne peux que vous demander de me devancer en enfer, car je vais vous y rejoindre tôt ou tard. Mais je vais m’assurer de vous y envoyer en premier afin que vous puissiez payer pour vos fautes, vos croyances stupides et vos comportements déplacés.
Après cette phrase, la jeune demoiselle tira sur les étudiants tels des mannequins d’entraînement aux tirs. Elle vida le chargeur sur eux malgré leurs cris. Ils avaient peur et Klara pouvait sentir cela. Néanmoins, la jeune fille ne ressentait aucune peur, aucun remords face à son comportement. Klara était presque comme une machine qui obéissait à des ordres et qui était dépourvue de toutes émotions. Pratiquement à court de munitions, Klara rechargea sa puissante arme et tira sur les étudiants qui respiraient encore. Dès que tous furent morts, la jeune fille se rapprocha d’eux, se tenant au-dessus de leurs cadavres. À ce moment, elle était envahie par une sensation qu’elle ne pouvait décrire. Tout ce qu’elle savait en ce moment était qu’elle dominait le monde, qu’elle dominait les hommes et que les hommes avaient peur d’elle. Elle avait, à sa manière, fait honneur à sa mère, car cette dernière a toujours voulu qu’elle ait du pouvoir et qu’elle sache dominer les hommes. Au même moment, elle entendit les sirènes des voitures de police qui devenaient de plus en plus nombreuses. La police avait donc appelé des renforts pour la neutraliser. La jeune fille fouilla dans quelques autres salles et remarqua qu’elles étaient vides. Il n’y avait donc plus personne dans l’établissement, mais la soif de tuer de Klara n’était toujours pas assouvie. Elle en voulait plus, plus de morts de personnes de sexe masculin, plus de personnes qui agonisent en la suppliant d’arrêter. Elle chargea son arme et se dirigea vers la sortie de l’université où se trouvait le rassemblement de policiers. La jeune fille n’avait pas de plan et les munitions qu’elle avait emportées avec elle étaient presque finies, car son sac devenait de plus en plus léger. Malgré cela, elle n’avait pas l’intention de se rendre.
Une fois au-dehors, les agents qui la tenaient en joue firent signe à l’homme qui parlait dans le mégaphone.
— Mademoiselle, quel est votre nom ? demanda l’homme.
— Quelle importance cela a, à l’heure où nous parlons ? répondit Klara.
— Alors, laissez-moi vous poser une question qui a de l’importance. Pourquoi faites-vous cela ? demanda l’agent de police.
— Cela fait près de trois fois que je suis en train de répondre à cette question. Pour les étudiants qui m’ont posé cette question, je pense qu’ils ne sont pas conscients de ce qu’ils faisaient endurer aux filles comme moi. Mais pour des personnes comme vous, cela dénote d’une incompétence. Vous ne savez pas ce qui se passe dans le milieu où vous vivez et rien que pour cela, vous méritez la mort, cria la jeune fille en se remettant à tirer sur la voiture de police qui couvrait les agents.
La police répliqua en tirant sur la jeune fille dès qu’elle avait une fenêtre de tirs. Une des balles des policiers venait d’atteindre Klara dans le dos alors qu’elle tentait de s’enfuir pour se mettre à l’abri. La jeune fille était allongée sur le sol et avait l’air morte. Les policiers restèrent figés quelques secondes et se posèrent mille et une questions. Ils décidèrent finalement d’aller voir si la jeune fille était réellement morte. Ce n’était pas le cas. Bien qu’elle fût percutée par l’impact de balle, la jeune fille voulait débusquer les policiers afin de faire encore plus de dégâts.
Dès que la jeune fille se releva du sol, elle prit son arme qu’elle avait eu le temps de charger discrètement et ouvrit le feu sur les policiers qui s’approchaient d’elle. Les trois policiers rendirent l’arme sur-le-champ. La jeune fille continuait toujours de tirer avec rage sur les voitures de police. C’était un vrai carnage.
Sentant l’arme vide, elle courut pour échapper aux tirs des policiers qui n’allaient pas tarder à répliquer. Une fois à l’intérieur de l’établissement, la jeune fille comprit qu’il ne lui restait plus qu’un seul chargeur plein.
— Ça craint. Je crois que la fin est proche, dit la fille qui laissa une larme couler le long de sa joue. Mais pourquoi je pleure ? Je vais juste mourir en ayant fait ce que j’ai eu envie de faire, c’est-à-dire tuer ces fils de putes qui m’ont pourri la vie. Si je vais mourir dignement ? Eh bien je n’en ai aucune idée, mais une mort reste une mort. Digne ou pas, c’est une mort. D’ailleurs, je vais rejoindre mon père dans l’au-delà, c’est déjà une bonne nouvelle, se rassura-t-elle en souriant, malgré les larmes qui coulaient sur sa joue.
Klara resta assise dans ce couloir, les vêtements recouverts de quelques gouttes de sang en pensant aux choses qu’elle avait eu à faire.
— Je crois que si les choses étaient à changer, je changerais juste ma mère. C’est à cause d’elle que j’en suis ici aujourd’hui. J’espère qu’elle sera fière de moi quand elle me verra aux infos dans quelques heures. Sa fille a terrassé des hommes. Sa fille ne s’est pas laissée faire jusqu’à la fin. Elle a pris sa revanche.
La jeune fille qui était toujours assise, finit par se lever, plaça le dernier chargeur et sortit. L’homme au mégaphone se mit de nouveau à lui parler :
— Vous pouvez vous rendre et tout cela va prendre fin. Vous avez fait assez de dégâts comme cela, hurla l’homme.
— Je ne crois pas. Je pense que j’aurais dû apporter plus de munitions, dit la jeune fille.
— Pourquoi tuer ces policiers qui ne voulaient que vous aider ?
— Vous n’êtes que des imbéciles, vous, les hommes. Mon plan était d’en finir avec les étudiants de cette université, mais vous vous êtes permis de faire sortir certains. Ces trois corps que vous voyez devant ici sont juste pour payer votre erreur. Vous n’auriez pas dû intervenir dans cette guerre.
— Donc c’est une guerre pour vous ? demanda le flic.
— C’est une guerre. Cette vie est une guerre et la guerre devient encore plus intense lorsque vous êtes une femme. Vous ne savez pas de quoi je parle et vous ne pouvez certainement pas comprendre. Vous faites partie des gangrènes de ce monde, lui répondit la jeune fille en se mettant de nouveau à tirer dans le tas.
Elle vidait son dernier chargeur et les policiers s’en étaient rendu compte.
— Vous ne portez plus votre sac et vous êtes à court de munitions. Je vous demande de jeter votre arme et de mettre vos mains bien en évidence, dit l’homme qui se rapprochait petit à petit de la jeune fille.
Klara exécuta en jetant son arme, mais elle n’avait aucune intention de se faire arrêter par ces hommes. Dès que le policier armé s’approcha davantage, la jeune fille s’abaissa en faisant semblant de vouloir prendre une arme dans sa botte. Le policier lui tira trois balles dans la tête. La jeune fille s’écroula sur le sol à quelques mètres des policiers qu’elle avait abattus.
*
Le lendemain, toutes les chaînes de télévision ne parlaient plus que de ce qu’elles appelaient le massacre de Kiev qui fit 27 morts et 113 blessés. Ce jour fut mémorable, car personne ne pouvait expliquer le niveau de rage, de colère et de haine que la meurtrière ressentait.
Au même moment, les gens étaient perdus à propos de l’image qu’ils devraient avoir de Klara. C’était soit celle d’une meurtrière sanguinaire ou d’une femme qui ne faisait que se défendre, elle, ainsi que toutes les femmes dans sa situation…