Kim et la Dépression

26 juillet 2021

La ville de Lausanne, en Suisse, grouillait d'une marée humaine, chaque jour de la semaine apportant son lot d'âmes pressées. Les visages étaient fermés, marqués par une urgence oppressante, chacun s'engouffrant dans la brume de l'indifférence. Les regards, s'ils se croisaient, étaient furtifs, vides, presque inhumains. Les gens se noyaient dans l'éclat froid de leurs écrans, ignorant les ombres inquiétantes qui dansaient autour d'eux, leur présence pesante accentuant la morosité des rues.

Dans cette vaste métropole, Kim Hoàng survivait plus qu'elle ne vivait. À vingt-sept ans, cette jeune femme d'origine vietnamienne était une ombre parmi d'autres, se fondant dans le décor morose de son existence. Chaque jour, elle traînait son âme fatiguée jusqu'à une entreprise sans visage, nichée au cœur sombre du centre-ville.

Kim croupissait seule dans son appartement, un espace étouffant de solitude où le silence pesait lourdement. En dehors de son travail morne, elle n'avait aucune échappatoire, aucune passion pour briser la monotonie. Sa nature tranquille masquait une profonde insécurité, fruit de cicatrices invisibles laissées par ses parents. Son père, avec ses mots acérés, lui répétait sans relâche qu'elle était dépourvue de tout talent, tandis que sa mère la noyait dans des remarques cinglantes sur son incapacité à s'intégrer dans le monde. Leur cruauté subtile avait forgé en elle une fragilité désespérante, une ombre persistante dans son esprit.

Kim avait rapidement compris que survivre dans un monde où même ses propres parents la méprisaient serait une épreuve insurmontable. Son parcours scolaire était une traversée du désert, chaque journée semblant plus difficile que celle d’un élève ordinaire. Sa réserve et sa timidité faisaient d'elle une proie facile pour les brutes du collège, des prédateurs sans pitié. Les journées calmes n’étaient qu’une solitude oppressante, un silence glaçant où personne ne lui adressait la parole. Lors des jours de tumulte, Kim devait endurer les coups et les moqueries racistes, les remarques acides sur ses origines asiatiques. Comme si cela ne suffisait pas, certains professeurs se joignaient à la curée, ajoutant l’humiliation à sa liste de tourments quotidiens.

Kim avait enduré une avalanche d'insultes cruelles, visant son poids, sa maladresse, sa silhouette, ses origines et bien d'autres aspects de son être. Chaque mot, chaque regard de mépris était un coup de couteau dans son âme. L'angoisse et la douleur étaient insoutenables, mais Kim avait survécu. Elle avait serré les dents, caché ses larmes et réussi à échapper à ce cauchemar en accédant à l'université, portant avec elle les cicatrices invisibles de ses années de souffrance.

À l'université, la situation de Kim s'était quelque peu améliorée. Les étudiants, absorbés par leurs études, n'avaient plus le temps de se comporter en tyrans immatures. Pourtant, l'ombre pesante de ses parents continuait de planer sur elle. Ils ne cachaient pas leur déception, ne voyant en Kim qu'une pâle imitation de la fille qu'ils avaient espérée. Leur préférence allait sans conteste à Chân Lý Hoàng, le frère aîné, brillant et charismatique. Dans leurs yeux, Kim n'était qu'une ombre, une présence effacée et indigne d'attention, alimentant ainsi une douleur incessante et corrosive en elle.

Kim n'avait jamais brillé comme son frère. Chân Lý, avec sa silhouette athlétique et son assurance naturelle, était tout ce que Kim n'était pas. Futé et charismatique, il faisait la fierté de l'école, membre éminent de l'équipe de basketball, adulé par ses camarades. À la maison, il était le favori incontesté, recevant l'admiration inconditionnelle de leurs parents. Kim, en revanche, traînait son existence dans l'ombre, détestée et ignorée où qu'elle aille. Chaque visite de Chân Lý accentuait sa propre invisibilité, la plongeant un peu plus dans une solitude amère et une douleur silencieuse.

Après l'université, Kim avait réussi à décrocher un poste respectable dans une agence en ville, une lueur d'espoir dans sa vie terne. Ce travail lui permettait de subvenir à ses besoins, mais laissait intacte sa solitude étouffante. Sans compagnon ni animal de compagnie pour adoucir son quotidien, Kim vivait isolée, sans personne à qui confier ses peines ou partager ses joies. Les murs de son appartement étaient les seuls témoins de sa douleur muette et de ses nuits sans fin, où le silence pesait comme un fardeau insupportable.

Depuis quelques mois, l'arrivée de nouveaux employés avait perturbé la fragile quiétude de Kim. Ces nouveaux venus étaient des répliques effrayantes de ses tortionnaires du collège, ne se gênant pas pour la harceler avec une cruauté familière. Leurs insultes étaient des coups de poignard verbaux, et leurs blagues de mauvais goût – comme piéger sa chaise, salir sa chemise, et autres humiliations – ravivaient les traumatismes de son enfance. Chaque jour au travail devenait une épreuve, une répétition sinistre de son passé douloureux, l'enfermant dans un cercle vicieux de peur et de désespoir.

De jour en jour, Kim sombrait davantage dans un gouffre sans fond. La joie de vivre l'avait quittée, et son travail n'était plus qu'une routine morne et mécanique. Chaque matin, elle se traînait jusqu'à son bureau, avant de rentrer s'enfermer dans la solitude étouffante de son appartement. Elle ne trouvait plus le goût de manger, obsédée par les souvenirs amers de son passé tourmenté. Les nuits, peuplées de cauchemars terrifiants, la faisaient se réveiller en hurlant, parfois en larmes, ses draps trempés de sueur et d'angoisse.

Son sommeil était rare et agité, et chaque jour la plongeait un peu plus dans une dépression profonde. La lumière dans ses yeux s'était éteinte, laissant place à une lueur vide et éteinte, celle d'un zombie errant sans but ni passion. Semaines après semaines, cet état de torpeur s'installait, tandis que ses seuls compagnons devenaient les antidépresseurs qui remplissaient les prescriptions de sa psychiatre froide et distante.

Kim n'avait aucune envie réelle de se faire aider, et personne dans sa vie à qui se confier. Elle se contentait de suivre les rendez-vous avec cette psychiatre glaciale, qui lui prescrivait du Prozac et du Xanax avec une indifférence clinique. Chaque pilule avalée était une tentative désespérée de fuir une réalité insoutenable, une existence où la douleur et la solitude étaient ses seules compagnies.

*

Un jour, après une longue et éreintante journée de travail, Kim rentra chez elle, comme à son habitude.

— Encore une journée sans importance, se dit-elle en s'affalant sur son canapé, situé au milieu de la grande pièce. Dans une main, elle tenait une canette de Red Bull, dans l'autre, un paquet de Marlboro.

Elle attrapa une boîte de médicaments sur la table et avala quatre Xanax — une dose excessive — avec sa boisson pour apaiser son anxiété et ses angoisses. Puis, elle sortit une cigarette de son paquet, la mit au bec, alluma un briquet et fit claquer la molette.

— Tu devrais en finir avec cette vie de merde, ma chère, dit une voix qui s'invita dans son salon.

Kim leva les yeux et vit, assise sur le canapé en face d'elle, une étrange figure humaine vêtue de manière excentrique. L'homme portait un costard tape-à-l'œil, le haut étant une pièce à boutonnage croisé, ornée de cristaux sur les revers. Le bas était un pantalon de survêtement rehaussé de détails, arborant l'imprimé Trésor de la Mer sur les jambes. Ses chaussures, des baskets Greca en cuir souple, étaient d'une sobriété audacieuse avec un motif Greca graphique sur la semelle intermédiaire.

— Et qui es-tu, toi, pour me donner ce genre de conseil ? demanda Kim, incapable de résister à la tentation de répondre à cette présence inopinée.

— Oh, je suis la chose responsable de ce que tu traverses.

— Quoi ? s'étonna Kim, un sourire moqueur étirant ses lèvres. Tu veux dire que tu es la somme de toutes ces choses horribles que j'ai vécues dans cette vie pourrie ?

— Ton raisonnement est déjà trop long, jeune femme. Retiens juste que je suis ta dépression, et je suis là pour te servir, expliqua l'homme assis devant elle.

— Me servir à quoi ? demanda Kim alors que la sonnerie de son appartement retentissait. Ne bouge pas, dit-elle à la "dépression", avant d'écraser son mégot dans le cendrier et de se lever pour se diriger vers la porte.

— Où irais-je, à ton avis ? répondit la dépression avec un sourire narquois.

Kim se dirigea difficilement vers la porte et l'ouvrit. La fille de son voisin, avec son visage angélique, lui adressa un sourire :

— Bonjour ! Je viens de la part de ma sœur. Nous organisons l’anniversaire de mariage de nos parents et nous invitons nos voisins à se joindre à nous. Si vous pouvez venir, cela nous ferait plaisir, dit-elle gentiment.

Kim, l'esprit encore troublé, répondit sans réfléchir :

— Oh. Désolé, non, je ne pourrai pas. Je suis occupée à discuter avec quelqu’un, dit-elle en pointant du doigt le fauteuil où était assise la "dépression" quelques instants plus tôt.

La jeune fille, intriguée, jeta un coup d'œil à l'intérieur.

— Euh… Ce fauteuil est vide.

— Non, il est là, avec sa chemise bariolée. Tu n’es quand même pas aveugle à ton âge ! rétorqua Kim, agacée.

La dépression, invisible pour la jeune fille, intervint d'une voix moqueuse :

— Pauvre imbécile, elle ne peut pas me voir. Tu ne vois pas comment elle rayonne de bonheur ? Comment veux-tu qu’elle me voie dans cet état ?

Kim, réalisant son erreur, s'excusa :

— Oh, désolée, Maryline. J’ai eu une dure journée et j’aimerais bien me reposer. Je pourrais peut-être passer plus tard.

— D’accord. Reposez-vous bien, répondit la jeune fille, un peu déconcertée.

— Transmets mes salutations à tes parents, Maryline.

— Sans problème ! Au revoir.

— Bonne journée, conclut Kim en refermant la porte.

Elle retourna lentement vers le canapé, où la dépression avait pris une nouvelle place. S'asseyant, elle attrapa la boîte de médicaments.

— Tu penses que ces médicaments vont t’aider ? C’est sûrement ce que t’a fait croire le docteur qui te les a prescrits ; ou tu n’as même pas pris ces cachets sur les conseils d’un médecin ? Oh, la petite maline, tu les achètes sur Internet ! s'exclama la dépression avec un sourire sournois.

— Bon, maintenant ferme-la. Dis-moi ce que tu viens chercher ici. Et d’ailleurs, d’où viens-tu, sale monstre ? demanda Kim, furieuse.

La dépression, imperturbable, répondit :

— Je cohabite avec toi depuis des années et je crois que tu n’étais pas suffisamment déprimée pour me voir ni pour m’entendre. Aujourd’hui, j’ai tenté ma chance et j’ai compris que tu pouvais me voir et m’entendre.

Il marqua une pause, puis ajouta :

— Bon, franchement : et si tu te suicidais une bonne fois pour toutes ? Tu vas mettre fin à cette histoire, tu ne vas certainement manquer à personne et tu vas te rendre un énorme service.

— Qu’est-ce que mon suicide pourrait bien t’apporter ? demanda Kim, son visage marqué par la fatigue.

La dépression ricana :

— Ma fille, je ne fais pas dans la charité. Je suis chargé de ramener les âmes perdues comme toi dans un autre monde. C’est ma mission. Donc si tu pouvais te pendre, t’ouvrir une veine, te tirer une balle dans la tête, peu importe. Cela ajoutera juste une imbécile de plus sur ma liste.

Kim, intriguée par la froideur de la créature, demanda :

— Waouh, et tu le dis juste comme ça ? Dis-moi, que deviennent les âmes que tu réussis à enrôler ?

— Je n’en ai aucune idée, jeune femme. Je n’ai pas besoin de cette information.

— Et pourquoi cela ?

— Quand le livreur te livre une pizza, est-ce qu’il attend pour vérifier si tu vas la manger, la jeter à la poubelle ou l’offrir à un voisin ?

— Non, répondit spontanément Kim.

— Eh bien, voilà. Je suis le livreur, dit la dépression. Alors tu vas finalement te suicider pour qu’on arrête cette discussion de merde ? s'emporta-t-elle.

Kim resta silencieuse un moment, ses pensées tourbillonnant dans son esprit troublé. La dépression sourit, convaincue qu'elle avait enfin gagné.

— Bof, j’hésite, soupira Kim en se levant du canapé pour se diriger vers sa chambre.

La dépression la suivit, poursuivant son discours morne :

— Tu vas vouloir dormir, et comme toutes les nuits de ces trois derniers mois, ce sera une nuit blanche. Tu vas rêver de tes tortionnaires, ceux du collège et ceux de ton boulot actuel. Tu te réveilleras en sueur et en criant, comme une fillette à qui on a arraché son doudou. Après cela, tu ne parviendras plus à fermer les yeux. Tu resteras plantée devant ton ordinateur, à jouer à des jeux vidéo monotones et à converser avec des inconnus sur ton forum préféré. Puis, au petit matin, tu commenceras tes idioties humaines dans une tentative désespérée de te sentir normale. Ensuite, tu t’habilleras pour aller au boulot, en espérant que personne ne s’en prenne à toi. Tu n’oublieras pas d’avaler ton Prozac merdique et inefficace. Ta vie sera aussi ennuyeuse que d’habitude. Ah, et pendant les pauses-déjeuner, tu resteras seule, à ressasser les mauvais souvenirs de ton enfance ; un véritable film d’horreur pour enfants.

Kim s'assit sur son lit, silencieuse. La dépression s'assit à ses côtés et continua son monologue :

— Écoute-moi, ma grande, ta vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Tu ne mérites pas de continuer à souffrir dans ce monde de merde. Tu as déjà foutu en l'air ta vie depuis bien longtemps, même si tu penses que ce sont tes parents qui l'ont fait à ta place. Tu survis, et la solution à cela est de tout abandonner. Je ne vois vraiment pas d'autres solutions.

Kim resta silencieuse, les mots de la dépression résonnant dans sa tête. Elle se sentait à la fois vide et accablée, comme si tout le poids du monde s’était accumulé sur ses épaules. Les larmes commençaient à remplir ses yeux, brouillant sa vision.

— Peut-être que tu as raison, murmura-t-elle enfin, sa voix à peine audible. Peut-être que tout cela n'en vaut pas la peine.

La dépression, avec un sourire sinistre, sentit qu'elle avait enfin gagné.

— Alors, fais-le. Libère-toi de cette souffrance. Tu n’as plus besoin de porter ce fardeau inutile.

Kim ferma les yeux, cherchant un semblant de paix dans le chaos de ses pensées. Mais au fond d'elle, une petite voix résistait, faiblement mais sûrement. Elle n'était pas prête à abandonner, pas encore.

— Non, répondit-elle doucement. Pas ce soir.

La dépression la regarda, surprise par cette soudaine résistance.

— Quoi ? Tu penses vraiment qu'il y a encore de l'espoir pour toi ?

Kim se leva lentement, ses jambes tremblant légèrement.

— Peut-être. Mais je dois le découvrir par moi-même.

Elle quitta la chambre, laissant la dépression seule sur le lit, et se dirigea vers la fenêtre du salon, ouvrant les rideaux pour laisser entrer la lumière de la lune. Ce n’était pas beaucoup, mais c’était un début. Et pour la première fois depuis longtemps, elle sentit une étincelle d’espoir.

— Très bien, dit-elle à elle-même, déterminée. Demain est un autre jour. Et ce sera un jour meilleur.

La dépression revint à la charge :

— Hélas, non.

— Ferme ta gueule.

— Tu m’entends, mais tu ne m’écoutes pas. Je t’ai dit que je te suivais depuis plusieurs mois et j’ai vu que tu as été chez quatre psys. Quelle personne ayant un avenir radieux devant elle va consulter quatre différents psys sans avoir des résultats convaincants ? Le troisième était le plus drôle. Dans son petit carnet, il avait écrit que tu étais une petite fille enfermée dans le corps d’un adulte, et surtout, que tu étais gravement dépressive.

— Bon. Je vais me coucher. Laisse-moi tranquille.

— D’accord ; mais je viens de te dire comment allait se passer ton avenir. Penses-y cette nuit.

Kim se leva et changea ses vêtements pour mettre son pyjama. Elle alla ensuite s’allonger dans son lit en posant sa tête sur le coussin moelleux. La dépression la suivit et s’assit dans un fauteuil près du lit. Il commença à siffloter, un bruit perçant et agaçant. Kim mit des bouchons d’oreilles, mais le sifflement restait audible. Elle plaça un oreiller sur sa tête pour étouffer le son, sans succès. Comme si cela ne suffisait pas, une musique forte provenant de l'appartement voisin commença à résonner.

— Tu n’as personne d’autre à faire chier ? s’écria Kim.

— Pour moi, tu es la plus intéressante, répondit la dépression.

Puis il reprit à nouveau ses sifflements. Agacée, Kim alluma sa lampe de chevet et s’assit sur le bord du lit. L’homme au costard excentrique, toujours assis dans le fauteuil, arborait un sourire débile.

— Je pensais à quelque chose. Puis-je t’en parler ? demanda la dépression.

— Est-ce que j’ai le choix ? répondit ironiquement Kim.

— Eh bien… pas vraiment. Je vais être direct, ma belle : et si tu te jetais du haut d’un immeuble ? Pas de celui-ci, non, il n’est pas très haut. L’immeuble de ton bureau, là où tu travailles, serait idéal. Une mort rapide et sans souffrance ; j’ai presque envie de dire "sans danger", s’exclama-t-il en éclatant de rire.

— Ce n’est pas si drôle que ça…

— Si, c’est drôle. Tu as simplement perdu ton sens de l’humour au fil des ans. Je me demande même si tu en avais.

— Et si on en reparlait demain ?

— Bon, comme tu insistes, je vais te laisser. N’oublie pas ma proposition. Cela va nous arranger tous les deux.

La dépression se leva du fauteuil et quitta la chambre. Kim, toujours assise sur le lit, resta silencieuse, perdue dans ses pensées. Finalement, elle se coucha, éteignit la lumière et, grâce aux comprimés de Xanax pris précédemment, trouva rapidement le sommeil.



*

Il faisait jour et le réveil de Kim se mit à sonner. Elle posa la main sur l’appareil pour l’éteindre et continua de somnoler, espérant ne se reposer que quelques minutes de plus... Mais ces quelques minutes imaginaires s’éternisèrent. Elle se réveilla brusquement et réalisa avec horreur l’heure affichée sur l’horloge. La poisse ! Kim était en retard au boulot !

Elle bondit de son lit et courut à la salle de bain pour prendre une douche revigorante, espérant ne pas arriver au bureau avec l'allure d’un cadavre. Une fois douchée, elle s’essuya rapidement, s’habilla à la hâte et se brossa les dents pour chasser son haleine de chacal.

— Je suis foutue, putain ! se répétait-elle en se brossant les dents.

— Tu as toujours été foutue, ma grande. Aujourd’hui, c’est encore une journée de merde en plus. Je t’imagine entrer dans le bureau, la tête baissée, et tes collègues se moquer de toi pour une raison que je ne vais pas te dire maintenant. Et ensuite, ton boss va te passer un savon monumental. Cela va être un beau spectacle. J’ai hâte d’y assister !

— Qu’est-ce qui peut bien te réjouir dans mon malheur ? pesta la jeune femme, interrompant brièvement son brossage de dents.

— Cela va nous rapprocher encore plus, répondit la dépression avec un sourire sadique. On forme une bonne équipe, tous les deux.

Kim termina de se brosser les dents, attrapa les clés de sa voiture, et sortit précipitamment de son appartement. Elle se rendit au garage où était garée sa vieille mais sublime Ford Mustang Boss 429 rouge, avec deux lignes noires parallèles sur le toit et le capot. C’était son péché mignon, mais cela n'avait pas suffi à combler le vide créé par sa dépression.

Elle prit la direction du bureau et arriva avec exactement vingt-quatre minutes de retard. En entrant, la tête baissée, elle sentit les regards et entendit les rires étouffés de ses collègues. Elle baissa encore plus la tête en réalisant qu’elle avait mis sa chemise tachée, avec des boutons mal fixés, la rendant encore plus ridicule.

— Je t’avais prévenue, susurra la dépression, visiblement ravie.

— Ferme-la, murmura Kim, honteuse et désespérée.

Elle se dirigea vers son poste de travail, tentant d'ignorer les regards moqueurs et les murmures. Mais elle savait que cette journée serait encore une épreuve de plus à surmonter, une de ces journées où la dépression semblait gagner un peu plus de terrain. En s'asseyant à son bureau, elle prit une profonde inspiration, essayant de rassembler le peu de force qui lui restait pour affronter cette nouvelle journée de merde.

— Tu as fait nuit blanche ? rit un collègue.

— Tu devrais nettoyer ta chemise ringarde, c’est embarrassant, soupira une autre collègue.

— Trouve-toi un copain, il pourra t’aider à mettre tes boutons, plaisanta un autre camarade.

Chaque remarque était une nouvelle flèche dans le cœur de Kim. Elle se dirigeait vers son box de travail quand son chef l'interpella.

— Kim, venez par ici. Nous devons discuter.

— Je te l’avais dit. Si tu en avais fini avec ta vie hier, tu n’aurais pas à vivre cela aujourd’hui. Ç’aurait même été mieux, car ils seraient venus verser des larmes sur ta dépouille ; même si ç’aurait été des larmes d’alligator.

— Crocodile ! s’écria Kim, furieuse.

— Quoi ? répondit la dépression.

— On parle de larmes de crocodile, pas d’alligator.

— Peu importe.

— Vous parlez à qui, mademoiselle ? demanda le chef.

— Non, monsieur, je parlais avec... commença Kim. Laissez tomber. Je vous écoute, monsieur.

— Asseyez-vous, ordonna le chef. Qu’avez-vous fait ces derniers temps ? Vous avez l’air totalement ailleurs. Vous venez en retard, vos rapports sont truffés de fautes et vous avez l’air complètement abattue. Tout cela sans parler de votre monologue à l’instant qui me fait penser que vous avez des problèmes… psychologiques.

— Tu vois, il pense que tu es folle, dit la dépression, examinant les tableaux accrochés dans le bureau du chef.

— Non, monsieur, je vais bien. J’ai quelques problèmes familiaux, mais c’est sur le point d’être réglé ; et je pense que vous n’aurez plus ce genre de problème avec moi.

— J’espère bien, souffla le chef.

— Bravo, dit la dépression. Je crois que tu es en train de prendre la bonne décision. Le seul moyen pour qu’il n’ait plus ce genre de problème avec toi est de t’ôter la vie. Alors, tu choisis quel moyen ?

— Vous pouvez vous lever et aller bosser, ordonna le chef.

— D’accord, j’y vais de suite. Merci.

La dépression la suivit jusqu’à son poste de travail.

— Tu sais que tu n’as aucune chance de survivre si un train te passait dessus ?

— Tu peux fermer ta gueule ?

— Je peux, oui, mais concernant le suicide sous un train, il n’y aurait pas de frais d’hôpitaux, et les pauvres secouristes ne pourraient rien y faire si tu es déchiquetée. Ce serait une mort à la fois douce et brutale aux yeux du monde et de ceux qui t’aiment. Oh, j’oubliais : personne ne t’aime dans ce monde.

— Pourrais-tu me laisser travailler ?

— Je ne te comprends pas, jeune femme. Suis-moi, je vais te montrer quelque chose. C’est deux minutes ; tu n’es pas à deux minutes près vu que tu es de toute façon déjà en retard ? demanda la dépression avec un air sarcastique.

— Quoi ? Que veux-tu me montrer ? J’ai du travail.

— Ce tas de travail sera fait, c’est deux minutes, tu as bien deux minutes pour moi ?

— Putain.

Kim se leva à contrecœur, suivant la dépression dans les couloirs du bureau. Elle se demandait ce que cette entité malveillante pouvait bien vouloir lui montrer. Ils arrivèrent devant une fenêtre donnant sur la rue en contrebas.

— Regarde, dit la dépression en pointant du doigt un groupe de personnes. Là-bas, vois-tu ces gens ? Ils ont l’air heureux, mais ils cachent tous des souffrances similaires aux tiennes. La seule différence, c’est qu’eux savent comment le masquer. Toi, tu es transparente, un livre ouvert. Ils te jugent sans même connaître ton histoire.

— Et alors ? répondit Kim, agacée. Pourquoi devrais-je m’en soucier ?

— Parce que, répondit la dépression avec un sourire tordu, si tu te laissais tomber de cette fenêtre maintenant, tu mettrais fin à toute cette hypocrisie. Plus besoin de jouer un rôle, plus besoin de souffrir en silence.

Kim regarda par la fenêtre ouverte, le vide appelant son désespoir. Mais quelque part au fond d’elle, une petite étincelle de résistance se ralluma.

— Non, dit-elle, d’une voix plus ferme qu’elle ne s’y attendait. Je ne te laisserai pas gagner. Pas aujourd’hui.

La dépression sembla surprise, mais son sourire ne faiblit pas.

— Très bien, jeune femme. Mais souviens-toi, je ne suis jamais loin.

Kim retourna à son poste de travail, sentant une force nouvelle en elle. Peut-être que chaque jour ne serait pas une bataille perdue. Peut-être qu’elle pouvait encore trouver une raison de vivre, malgré tout.









J'aimerais restructurer une nouvelle que j'ai écrite pour qu'elle paraisse plus sombre, plus glauque. Tu peux m'aider ? Je te donne un paragraphe à la fois et tu le réécris à ta manière pour que ce soit plus sombre et plus captivant.

ChatGPT

Bien sûr, je suis prêt à t'aider. Envoie-moi le premier paragraphe et on commence !

La ville de Lausanne, en Suisse, comme tous les jours de la semaine, était bouillante et noire de monde. Chacun se déplaçait rapidement, chacun était pressé de se rendre à leur destination. Les gens se regardaient à peine et certains passaient même plus de temps à regarder leur smartphone plutôt que d’admirer les alentours.

ChatGPT

La ville de Lausanne, en Suisse, grouillait d'une marée humaine, chaque jour de la semaine apportant son lot d'âmes pressées. Les visages étaient fermés, marqués par une urgence oppressante, chacun s'engouffrant dans la brume de l'indifférence. Les regards, s'ils se croisaient, étaient furtifs, vides, presque inhumains. Les gens se noyaient dans l'éclat froid de leurs écrans, ignorant les ombres inquiétantes qui dansaient autour d'eux, leur présence pesante accentuant la morosité des rues.

Dans cette grande ville vivait Kim Hoàng. Cette demoiselle de vingt-sept ans était une jeune femme d’origine vietnamienne qui travaillait dans une entreprise située au centre-ville.

ChatGPT

Dans cette vaste métropole, Kim Hoàng survivait plus qu'elle ne vivait. À vingt-sept ans, cette jeune femme d'origine vietnamienne était une ombre parmi d'autres, se fondant dans le décor morose de son existence. Chaque jour, elle traînait son âme fatiguée jusqu'à une entreprise sans visage, nichée au cœur sombre du centre-ville.

Kim vivait seule dans son appartement et n’avait aucune occupation ; hormis son boulot. Elle était assez calme et manquait cruellement de confiance en soi. Tout cela était en grande partie dû à ses parents. Entre son père qui lui disait toujours qu’elle n’avait pas de talent, et sa mère qui lui faisait comprendre qu’elle ne saurait jamais s’intégrer dans la vie active.

ChatGPT

Kim croupissait seule dans son appartement, un espace étouffant de solitude où le silence pesait lourdement. En dehors de son travail morne, elle n'avait aucune échappatoire, aucune passion pour briser la monotonie. Sa nature tranquille masquait une profonde insécurité, fruit de cicatrices invisibles laissées par ses parents. Son père, avec ses mots acérés, lui répétait sans relâche qu'elle était dépourvue de tout talent, tandis que sa mère la noyait dans des remarques cinglantes sur son incapacité à s'intégrer dans le monde. Leur cruauté subtile avait forgé en elle une fragilité désespérante, une ombre persistante dans son esprit.

Kim avait vite compris qu’elle aurait du mal à bien vivre dans un monde où même ses parents la détestent. Dans son cursus scolaire, les choses ont été plus compliquées pour elle que pour un élève lambda. Kim était réservée et très timide, ce qui faisait d’elle la cible idéale pour les durs à cuire du collège. Quand la journée d’école était calme, elle était souvent seule sans savoir à qui parler. Elle pouvait donc passer toute une journée sans parler à qui que ce soit. Quand c’était un jour de forte turbulence, la jeune femme devait supporter les coups de ses tortionnaires ainsi que les critiques racistes sur ses origines asiatiques. Sans oublier les humiliations de certains de ses professeurs.

ChatGPT

Kim avait rapidement compris que survivre dans un monde où même ses propres parents la méprisaient serait une épreuve insurmontable. Son parcours scolaire était une traversée du désert, chaque journée semblant plus difficile que celle d’un élève ordinaire. Sa réserve et sa timidité faisaient d'elle une proie facile pour les brutes du collège, des prédateurs sans pitié. Les journées calmes n’étaient qu’une solitude oppressante, un silence glaçant où personne ne lui adressait la parole. Lors des jours de tumulte, Kim devait endurer les coups et les moqueries racistes, les remarques acides sur ses origines asiatiques. Comme si cela ne suffisait pas, certains professeurs se joignaient à la curée, ajoutant l’humiliation à sa liste de tourments quotidiens.

Kim avait dû supporter toutes ces insultes en rapport avec son poids, sa maladresse, sa silhouette, ses origines, et tant d’autres invectives. C’était insupportable ; mais Kim avait survécu et avait pu passer à l’université.

ChatGPT

Kim avait enduré une avalanche d'insultes cruelles, visant son poids, sa maladresse, sa silhouette, ses origines et bien d'autres aspects de son être. Chaque mot, chaque regard de mépris était un coup de couteau dans son âme. L'angoisse et la douleur étaient insoutenables, mais Kim avait survécu. Elle avait serré les dents, caché ses larmes et réussi à échapper à ce cauchemar en accédant à l'université, portant avec elle les cicatrices invisibles de ses années de souffrance.

Une fois à l’université, les choses s’étaient plus ou moins améliorées, car les étudiants n’avaient pas réellement le temps de se chamailler entre eux tels des collégiens. Le problème était toujours ses parents qui ne voyaient pas en elle la fille qu’ils auraient souhaitée. Ils préféraient nettement Chân Lý Hoàng, le frère aîné de la famille.

ChatGPT

À l'université, la situation de Kim s'était quelque peu améliorée. Les étudiants, absorbés par leurs études, n'avaient plus le temps de se comporter en tyrans immatures. Pourtant, l'ombre pesante de ses parents continuait de planer sur elle. Ils ne cachaient pas leur déception, ne voyant en Kim qu'une pâle imitation de la fille qu'ils avaient espérée. Leur préférence allait sans conteste à Chân Lý Hoàng, le frère aîné, brillant et charismatique. Dans leurs yeux, Kim n'était qu'une ombre, une présence effacée et indigne d'attention, alimentant ainsi une douleur incessante et corrosive en elle.

Kim était moins brillante que son frère. Il avait une belle silhouette, il n’était pas timide, et était bien futé. Il faisait partie de l’équipe de basketball et faisait la fierté de toute l’école. Il était le chouchou à l’école, mais aussi quand il rendait visite à ses parents ; ce qui était le contraire de Kim qui se faisait détester où qu’elle aille.

ChatGPT

Kim n'avait jamais brillé comme son frère. Chân Lý, avec sa silhouette athlétique et son assurance naturelle, était tout ce que Kim n'était pas. Futé et charismatique, il faisait la fierté de l'école, membre éminent de l'équipe de basketball, adulé par ses camarades. À la maison, il était le favori incontesté, recevant l'admiration inconditionnelle de leurs parents. Kim, en revanche, traînait son existence dans l'ombre, détestée et ignorée où qu'elle aille. Chaque visite de Chân Lý accentuait sa propre invisibilité, la plongeant un peu plus dans une solitude amère et une douleur silencieuse.



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Après l’université, la Vietnamienne avait réussi à décrocher un bon poste dans une agence de la place, ce qui lui permettait de mieux gagner sa vie. Elle n’avait pas de compagnon ni d’animal de compagnie, ce qui justifiait sa solitude. La jeune femme n’avait personne à qui parler de tout ce qui lui arrivait.

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Après l'université, Kim avait réussi à décrocher un poste respectable dans une agence en ville, une lueur d'espoir dans sa vie terne. Ce travail lui permettait de subvenir à ses besoins, mais laissait intacte sa solitude étouffante. Sans compagnon ni animal de compagnie pour adoucir son quotidien, Kim vivait isolée, sans personne à qui confier ses peines ou partager ses joies. Les murs de son appartement étaient les seuls témoins de sa douleur muette et de ses nuits sans fin, où le silence pesait comme un fardeau insupportable.

En effet, depuis quelques mois, de nouveaux employés avaient été mutés dans l’entreprise, ce qui avait troublé la quiétude de Kim. Ces nouveaux employés étaient comparables à ses tortionnaires du collège. Ils ne mâchaient pas leurs mots quand il s’agissait d’insulter la jeune assistante. Ils allaient plus loin avec des blagues de mauvais goût telles que la chaise piégée, la chemise salie et autres canulars. Toutes ces scènes faisaient refaire surface l’enfance difficile qu’avait passée Kim au collège.

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Depuis quelques mois, l'arrivée de nouveaux employés avait perturbé la fragile quiétude de Kim. Ces nouveaux venus étaient des répliques effrayantes de ses tortionnaires du collège, ne se gênant pas pour la harceler avec une cruauté familière. Leurs insultes étaient des coups de poignard verbaux, et leurs blagues de mauvais goût—comme piéger sa chaise, salir sa chemise, et autres humiliations—ravivaient les traumatismes de son enfance. Chaque jour au travail devenait une épreuve, une répétition sinistre de son passé douloureux, l'enfermant dans un cercle vicieux de peur et de désespoir.

De jour en jour, Kim n’allait pas bien. Elle perdait toute joie de vivre et son travail ne lui procurait plus aucun plaisir. Elle allait juste travailler comme tout le monde et rentrait chez elle, dans son cocon. La Vietnamienne n’arrivait presque plus à manger et ne faisait que penser à toutes ces horribles choses qu’elle avait pu subir dans le passé. Les nuits étaient une succession de cauchemars qui la faisait se réveiller en cris et, parfois, en pleurs. Elle avait du mal à dormir. La jeune femme vivait mal, très mal. Elle perdait petit à petit toute motivation et rien n’allait dans sa vie. Elle avait perdu cette lueur qu’on pouvait avoir dans les yeux et ressemblait presque à un zombie ; un être qui faisait les choses mécaniquement sans aucun amour ni passion. Cet état dura des semaines et les antidépresseurs étaient devenus les seuls compagnons de la demoiselle qui consultait une psychiatre frigide. Elle n’avait donc nullement l’intention de se faire réellement aider ; ou du moins, elle ne connaissait personne qui pouvait l’aider. Elle se contentait de sa psychiatre froide qui lui prescrivait du Prozac et du Xanax.

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De jour en jour, Kim sombrait davantage dans un gouffre sans fond. La joie de vivre l'avait quittée, et son travail n'était plus qu'une routine morne et mécanique. Chaque matin, elle se traînait jusqu'à son bureau, avant de rentrer s'enfermer dans la solitude étouffante de son appartement. Elle ne trouvait plus le goût de manger, obsédée par les souvenirs amers de son passé tourmenté. Les nuits, peuplées de cauchemars terrifiants, la faisaient se réveiller en hurlant, parfois en larmes, ses draps trempés de sueur et d'angoisse.

Son sommeil était rare et agité, et chaque jour la plongeait un peu plus dans une dépression profonde. La lumière dans ses yeux s'était éteinte, laissant place à une lueur vide et éteinte, celle d'un zombie errant sans but ni passion. Semaines après semaines, cet état de torpeur s'installait, tandis que ses seuls compagnons devenaient les antidépresseurs qui remplissaient les prescriptions de sa psychiatre froide et distante.

Kim n'avait aucune envie réelle de se faire aider, et personne dans sa vie à qui se confier. Elle se contentait de suivre les rendez-vous avec cette psychiatre glaciale, qui lui prescrivait du Prozac et du Xanax avec une indifférence clinique. Chaque pilule avalée était une tentative désespérée de fuir une réalité insoutenable, une existence où la douleur et la solitude étaient ses seules compagnies.

Un jour, Kim rentrait du boulot — comme à l’accoutumée — après une longue et dure journée de travail.

— Encore une journée sans importance, se dit-elle en se vautrant dans son canapé situé au milieu de la grande pièce, avec une canette de Red Bull dans une main, et un paquet de Marlboro dans l’autre.

Elle prit une boîte de médicaments sur la table et prit quatre Xanax — une dose élevée — avec sa boisson afin de calmer son anxiété et ses angoisses. Puis elle prit une cigarette dans son paquet, mit la clope au bec, prit un briquet et fit claquer la molette.

— Tu devrais en finir avec cette vie de merde, ma chère, dit une voix qui s’invita dans son salon. 

En effet, Kim venait d’entendre une voix, et en levant la tête, elle vit assise dans le canapé en face d’elle une étrange personne avec le corps d’un humain portant une tenue excentrique.

L’homme étrange était habillé avec un costard tape-à-l’œil. Le haut, une pièce à boutonnage croisé, était rehaussé d’une bordure incrustée de cristaux sur les revers. Le bas était un pantalon de survêtement rehaussé de détails et orné de l’imprimé Trésor de la Mer emblématique sur les jambes. Les chaussures, en cuir souple, étaient des baskets Greca caractérisées par des lignes sobres et épurées. Le motif Greca graphique sur la semelle intermédiaire était audacieux. En bref, cet homme avait un style outrancier.

— Et qui es-tu, toi, pour me donner ce genre de conseil ? demanda Kim qui ne put s’empêcher de répondre à quelqu’un qui voulait lui faire la conversation.

— Oh, je suis la chose responsable de ce que tu traverses.

— Quoi ? s’étonna la demoiselle avec un sourire moqueur sur le visage. Tu veux dire que tu es la réunion entre toutes ces choses horribles que j’ai vécues dans la vie pourrie que je mène jusque-là ?

— Ton raisonnement est déjà trop long, jeune femme. Retiens juste que je suis ta dépression, et je suis là pour te servir, expliqua l’homme assis devant elle.

— Me servir à quoi ? demanda Kim qui venait d’entendre la sonnerie de son appartement retentir. Ne bouge pas, dit-elle à la « dépression », avant d’écraser son mégot dans le cendrier, puis se lever pour se diriger vers la porte.

— J’irai où à ton avis ? répondit la dépression. 

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Un jour, après une longue et éreintante journée de travail, Kim rentra chez elle, comme à son habitude.

— Encore une journée sans importance, se dit-elle en s'affalant sur son canapé, situé au milieu de la grande pièce. Dans une main, elle tenait une canette de Red Bull, dans l'autre, un paquet de Marlboro.

Elle attrapa une boîte de médicaments sur la table et avala quatre Xanax — une dose excessive — avec sa boisson pour apaiser son anxiété et ses angoisses. Puis, elle sortit une cigarette de son paquet, la mit au bec, alluma un briquet et fit claquer la molette.

— Tu devrais en finir avec cette vie de merde, ma chère, dit une voix qui s'invita dans son salon.

Kim leva les yeux et vit, assise sur le canapé en face d'elle, une étrange figure humaine vêtue de manière excentrique. L'homme portait un costard tape-à-l'œil, le haut étant une pièce à boutonnage croisé, ornée de cristaux sur les revers. Le bas était un pantalon de survêtement rehaussé de détails, arborant l'imprimé Trésor de la Mer sur les jambes. Ses chaussures, des baskets Greca en cuir souple, étaient d'une sobriété audacieuse avec un motif Greca graphique sur la semelle intermédiaire.

— Et qui es-tu, toi, pour me donner ce genre de conseil ? demanda Kim, incapable de résister à la tentation de répondre à cette présence inopinée.

— Oh, je suis la chose responsable de ce que tu traverses.

— Quoi ? s'étonna Kim, un sourire moqueur étirant ses lèvres. Tu veux dire que tu es la somme de toutes ces choses horribles que j'ai vécues dans cette vie pourrie ?

— Ton raisonnement est déjà trop long, jeune femme. Retiens juste que je suis ta dépression, et je suis là pour te servir, expliqua l'homme assis devant elle.

— Me servir à quoi ? demanda Kim alors que la sonnerie de son appartement retentissait. Ne bouge pas, dit-elle à la "dépression", avant d'écraser son mégot dans le cendrier et de se lever pour se diriger vers la porte.

— Où irais-je, à ton avis ? répondit la dépression avec un sourire narquois.

Kim alla ouvrir la porte en marchant difficilement. Dès qu’elle ouvrit ladite porte, la fille de son voisin s’exprima :

— Bonjour ! Je viens de la part de ma sœur. Nous organisons l’anniversaire de mariage de nos parents et nous invitons nos voisins à se joindre à nous. Si vous pouvez venir, cela nous ferait plaisir, dit la jeune fille avec son visage d’ange.

— Oh. Désolé, non, je ne pourrai pas. Tu vois, je suis occupée à discuter avec quelqu’un, affirma Kim en pointant du doigt le fauteuil dans lequel était assis la « dépression » avec qui elle parlait il y a une minute. 

La jeune fille était surprise par la réponse de sa voisine. Elle tentait de voir avec qui Kim discutait, mais elle ne vit personne : le fauteuil était vide.

— Euh… Ce fauteuil est vide.

— Non, mais il est là, avec sa chemise bariolée. Tu n’es quand même pas aveugle à ton âge ! dit-elle en haussant le ton. 

La dépression intervint :

— Pauvre imbécile, elle ne peut pas me voir, expliqua la dépression qui s’invita dans la discussion. Tu ne vois pas comment elle rayonne de bonheur ? Comment veux-tu qu’elle me voie dans cet état ?

Kim plissa les yeux et se corrigea :

— Oh, désolée, Maryline, j’ai eu une dure journée et j’aimerais bien me reposer. Je pourrais peut-être passer plus tard, dit Kim.

— D’accord, répondit la jeune fille. Reposez-vous bien.

— Transmets mes salutations à tes parents, Maryline.

— Sans problème ! Au revoir.

— Bonne journée, conclut-elle en refermant la porte.

La jeune femme marcha lentement pour rejoindre le canapé dans lequel était assise la dépression — elle avait changé de place — avant l’intervention de la fille du voisin. En s’asseyant, elle prit dans ses mains la boîte de médicaments qu’elle était sur le point d’avaler.

— Tu penses que ces médicaments vont t’aider ? C’est sûrement ce que t’a fait croire le docteur qui te les a prescrits ; ou tu n’as même pas pris ces cachets sur les conseils d’un médecin ? Oh, la petite maline, tu les achètes sur Internet ! s’exclama la dépression.

— Bon, maintenant ferme-la. Dis-moi ce que tu viens chercher ici. Et d’ailleurs, d’où viens-tu, sale monstre ? demanda Kim furieusement.

— Je cohabite avec toi depuis des années et je crois que tu n’étais pas suffisamment déprimée pour me voir ni pour m’entendre. Aujourd’hui, j’ai tenté ma chance et j’ai compris que tu pouvais me voir et m’entendre, expliqua calmement la dépression.

Il marqua une pause et continua :

— Bon, franchement : et si tu te suicidais une bonne fois pour toutes ? Tu vas mettre fin à cette histoire, tu ne vas certainement manquer à personne et tu vas te rendre un énorme service.

— Qu’est-ce que mon suicide pourrait bien t’apporter ? demanda la demoiselle avec un visage fatigué comme si elle n’avait plus dormi depuis des lustres. 

— Ma fille, je ne fais pas dans la charité, dit la dépression. Je suis chargé de ramener les âmes perdues telles que toi dans un autre monde. C’est ma mission. Donc si tu pouvais te pendre, t’ouvrir une veine, te tirer une balle dans la tête ou ce que tu veux, je crois que cela me fera une imbécile de plus sur ma liste, avoua la dépression.

— Waouh, et tu le dis juste comme ça ? commençait par dire Kim qui, visiblement, semblait intéressée par la discussion. Dis-moi, que deviennent les âmes que tu réussis à enrôler ?

— Je n’en ai aucune idée, jeune femme. Je n’ai pas besoin de cette information, moi.

— Et pourquoi cela ?

— Quand le livreur te livre une pizza, est-ce qu’il attend pour vérifier si tu vas la manger, la jeter à la poubelle ou l’offrir à un voisin ?

— Non, répondit spontanément la Vietnamienne.

— Eh bien, voilà. Je suis dans ce cas le livreur, dit la dépression. Alors tu vas finalement te suicider pour que l’on arrête cette discussion de merde ? s’emporta-t-il.

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Kim se dirigea difficilement vers la porte et l'ouvrit. La fille de son voisin, avec son visage angélique, lui adressa un sourire :

— Bonjour ! Je viens de la part de ma sœur. Nous organisons l’anniversaire de mariage de nos parents et nous invitons nos voisins à se joindre à nous. Si vous pouvez venir, cela nous ferait plaisir, dit-elle gentiment.

Kim, l'esprit encore troublé, répondit sans réfléchir :

— Oh. Désolé, non, je ne pourrai pas. Je suis occupée à discuter avec quelqu’un, dit-elle en pointant du doigt le fauteuil où était assise la "dépression" quelques instants plus tôt.

La jeune fille, intriguée, jeta un coup d'œil à l'intérieur.

— Euh… Ce fauteuil est vide.

— Non, il est là, avec sa chemise bariolée. Tu n’es quand même pas aveugle à ton âge ! rétorqua Kim, agacée.

La dépression, invisible pour la jeune fille, intervint d'une voix moqueuse :

— Pauvre imbécile, elle ne peut pas me voir. Tu ne vois pas comment elle rayonne de bonheur ? Comment veux-tu qu’elle me voie dans cet état ?

Kim, réalisant son erreur, s'excusa :

— Oh, désolée, Maryline. J’ai eu une dure journée et j’aimerais bien me reposer. Je pourrais peut-être passer plus tard.

— D’accord. Reposez-vous bien, répondit la jeune fille, un peu déconcertée.

— Transmets mes salutations à tes parents, Maryline.

— Sans problème ! Au revoir.

— Bonne journée, conclut Kim en refermant la porte.

Elle retourna lentement vers le canapé, où la dépression avait pris une nouvelle place. S'asseyant, elle attrapa la boîte de médicaments.

— Tu penses que ces médicaments vont t’aider ? C’est sûrement ce que t’a fait croire le docteur qui te les a prescrits ; ou tu n’as même pas pris ces cachets sur les conseils d’un médecin ? Oh, la petite maline, tu les achètes sur Internet ! s'exclama la dépression avec un sourire sournois.

— Bon, maintenant ferme-la. Dis-moi ce que tu viens chercher ici. Et d’ailleurs, d’où viens-tu, sale monstre ? demanda Kim, furieuse.

La dépression, imperturbable, répondit :

— Je cohabite avec toi depuis des années et je crois que tu n’étais pas suffisamment déprimée pour me voir ni pour m’entendre. Aujourd’hui, j’ai tenté ma chance et j’ai compris que tu pouvais me voir et m’entendre.

Il marqua une pause, puis ajouta :

— Bon, franchement : et si tu te suicidais une bonne fois pour toutes ? Tu vas mettre fin à cette histoire, tu ne vas certainement manquer à personne et tu vas te rendre un énorme service.

— Qu’est-ce que mon suicide pourrait bien t’apporter ? demanda Kim, son visage marqué par la fatigue.

La dépression ricana :

— Ma fille, je ne fais pas dans la charité. Je suis chargé de ramener les âmes perdues comme toi dans un autre monde. C’est ma mission. Donc si tu pouvais te pendre, t’ouvrir une veine, te tirer une balle dans la tête, peu importe. Cela ajoutera juste une imbécile de plus sur ma liste.

Kim, intriguée par la froideur de la créature, demanda :

— Waouh, et tu le dis juste comme ça ? Dis-moi, que deviennent les âmes que tu réussis à enrôler ?

— Je n’en ai aucune idée, jeune femme. Je n’ai pas besoin de cette information.

— Et pourquoi cela ?

— Quand le livreur te livre une pizza, est-ce qu’il attend pour vérifier si tu vas la manger, la jeter à la poubelle ou l’offrir à un voisin ?

— Non, répondit spontanément Kim.

— Eh bien, voilà. Je suis le livreur, dit la dépression. Alors tu vas finalement te suicider pour qu’on arrête cette discussion de merde ? s'emporta-t-elle.

Kim resta silencieuse un moment, ses pensées tourbillonnant dans son esprit troublé. La dépression sourit, convaincue qu'elle avait enfin gagné.

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— Bof, j’hésite, soupira-t-elle en se levant du canapé pour aller dans sa chambre. 

La dépression se leva également et proclama :

— Tu vas vouloir dormir, et comme toutes les nuits que tu as vécu ces trois derniers mois, elle va être blanche. Tu vas rêver de tes tortionnaires, tant bien du collège que de ton boulot actuel. Tu vas te réveiller en sueur et avec des cris telle une fillette à qui on a arraché son doudou. Après cela, tu ne vas plus fermer les yeux durant le reste de la nuit. Tu vas rester plantée devant ton ordinateur à jouer à des jeux vidéo monotones et à converser avec des inconnus sur ton forum préféré. Ensuite, au petit matin, tu vas commencer par faire tes idioties humaines dans le but de te sentir normal. Plus tard, tu vas t’habiller pour aller au boulot en espérant que quelqu’un n’en ait pas après toi. Tu auras bien sûr pris soin d’avaler ton antidépresseur merdique et inefficace qu’est le Prozac. Ta vie va être aussi ennuyeuse que d’habitude. Ah, j’oubliais, tout cela est sans penser aux pauses-déjeuner où tu ne vas pas sortir, et tu vas passer ton temps à te remémorer les mauvais souvenirs qui ont bourré ton enfance digne d’un film d’horreur pour enfants. 

Kim s’assit sur son lit — la dépression fit de même —, et elle ne dit rien, laissant la dépression continuer son monologue :

— Écoute-moi, ma grande, ta vie n’en vaut pas la peine. Tu ne mérites pas de continuer à souffrir dans ce monde de merde. Tu as déjà foutu en l’air ta vie depuis bien longtemps ; même si tu as l’impression que ce sont tes parents qui l’ont fait à ta place. Tu survis, mon amie, et la solution à cela est de tout laisser. Je ne vois vraiment pas d’autres solutions.

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— Bof, j’hésite, soupira Kim en se levant du canapé pour se diriger vers sa chambre.

La dépression la suivit, poursuivant son discours morne :

— Tu vas vouloir dormir, et comme toutes les nuits de ces trois derniers mois, ce sera une nuit blanche. Tu vas rêver de tes tortionnaires, ceux du collège et ceux de ton boulot actuel. Tu te réveilleras en sueur et en criant, comme une fillette à qui on a arraché son doudou. Après cela, tu ne parviendras plus à fermer les yeux. Tu resteras plantée devant ton ordinateur, à jouer à des jeux vidéo monotones et à converser avec des inconnus sur ton forum préféré. Puis, au petit matin, tu commenceras tes idioties humaines dans une tentative désespérée de te sentir normale. Ensuite, tu t’habilleras pour aller au boulot, en espérant que personne ne s’en prenne à toi. Tu n’oublieras pas d’avaler ton Prozac merdique et inefficace. Ta vie sera aussi ennuyeuse que d’habitude. Ah, et pendant les pauses-déjeuner, tu resteras seule, à ressasser les mauvais souvenirs de ton enfance, un véritable film d’horreur pour enfants.

Kim s'assit sur son lit, silencieuse. La dépression s'assit à ses côtés et continua son monologue :

— Écoute-moi, ma grande, ta vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Tu ne mérites pas de continuer à souffrir dans ce monde de merde. Tu as déjà foutu en l'air ta vie depuis bien longtemps, même si tu penses que ce sont tes parents qui l'ont fait à ta place. Tu survis, et la solution à cela est de tout abandonner. Je ne vois vraiment pas d'autres solutions.

Kim resta silencieuse, les mots de la dépression résonnant dans sa tête. Elle se sentait à la fois vide et accablée, comme si tout le poids du monde s’était accumulé sur ses épaules. Les larmes commençaient à remplir ses yeux, brouillant sa vision.

— Peut-être que tu as raison, murmura-t-elle enfin, sa voix à peine audible. Peut-être que tout cela ne vaut pas la peine.

La dépression, avec un sourire sinistre, sentit qu'elle avait enfin gagné.

— Alors, fais-le. Libère-toi de cette souffrance. Tu n’as plus besoin de porter ce fardeau inutile.

Kim ferma les yeux, cherchant un semblant de paix dans le chaos de ses pensées. Mais au fond d'elle, une petite voix résistait, faiblement mais sûrement. Elle n'était pas prête à abandonner, pas encore.

— Non, répondit-elle doucement. Pas ce soir.

La dépression la regarda, surprise par cette soudaine résistance.

— Quoi ? Tu penses vraiment qu'il y a encore de l'espoir pour toi ?

Kim se leva lentement, ses jambes tremblant légèrement.

— Peut-être. Mais je dois le découvrir par moi-même.

Elle quitta la chambre, laissant la dépression seule sur le lit, et se dirigea vers la fenêtre du salon, ouvrant les rideaux pour laisser entrer la lumière de la lune. Ce n’était pas beaucoup, mais c’était un début. Et pour la première fois depuis longtemps, elle sentit une étincelle d’espoir.

— Très bien, dit-elle à elle-même, déterminée. Demain est un autre jour.

Et avec cela, elle décida de se battre, un jour à la fois.

— Très bien, dit-elle à elle-même, déterminée. Demain est un autre jour. Et ce sera un jour meilleur.

La dépression revint à la charge :

— Hélas, non.

— Ferme ta gueule.

— Voir un psy, comme je le fais déjà, peut-être ? souffla Kim.

— Tu m’entends, mais tu ne m’écoutes pas. Je t’ai dit que je te suivais depuis plusieurs mois et j’ai vu que tu as été chez quatre psys. Quelle personne ayant un avenir radieux devant elle va consulter quatre différents psys sans avoir des résultats convaincants ? Le troisième était le plus drôle. Dans son petit carnet, il avait écrit que tu étais une petite fille enfermée dans le corps d’un adulte, et surtout, que tu étais gravement dépressive.

— Bon. Je vais me coucher. Laisse-moi tranquille.

— D’accord ; mais je viens de te dire comment allait se passer ton avenir.

Kim se leva et changea ses vêtements pour mettre son pyjama. Elle alla ensuite s’allonger dans son lit en posant sa tête sur le coussin moelleux. La dépression la suivait et s’assit dans un fauteuil qui se trouvait près du lit. Il commença par siffloter, ce qui faisait un bruit qui gênait Kim. Elle mit alors des bouchons d’oreilles… mais c’était peine perdue, car le bruit du sifflement de la dépression était trop fort. Kim mit son oreiller sur sa tête afin d’étouffer le son, mais elle n’y arrivait pas. Tout cela était sans compter le bruit d’une musique provenant de l’appartement de sa voisine de merde.

— Tu n’as personne d’autre à faire chier ? s’écria Kim.

— Pour moi, tu es la plus intéressante, répondit la dépression 

Puis il reprit à nouveau ses sifflements. Agacée, la Vietnamienne alluma sa lampe de chevet et s’assit sur le bord du lit comme avant. L’homme au costard excentrique, toujours assis sur le fauteuil, avait un sourire débile accroché sur son visage.

— Je pensais à quelque chose. Puis je t’en parler ? demanda la dépression.

— Est-ce que j’ai le choix ? demanda ironiquement Kim.

— Eh bien… pas vraiment. Je vais être direct, ma belle : et si tu te jetais du haut d’un immeuble ? Pas de celui-ci, non, il n’est pas très haut. L’immeuble de ton bureau, là où tu travailles, serait idéal. Une mort rapide et sans souffrance ; j’ai presque envie de dire « sans danger », s’exclama-t-il en éclatant de rire.

— Ce n’est pas si drôle que ça…

— Si, c’est drôle. Tu as simplement perdu ton sens de l’humour au fil des ans. Je me demande même si tu en avais.

— Et si on en reparlait demain ?

— Bon, comme tu insistes, je vais te laisser. N’oublie pas ma proposition. Cela va nous arranger tous les deux. 

La dépression se leva du fauteuil et quitta la chambre. Kim était toujours assise sur le lit sans savoir quoi penser. Elle décida de se coucher. Elle éteignit la lumière et s’endormit rapidement grâce aux comprimés de Xanax pris précédemment dans le salon.

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— Très bien, dit-elle à elle-même, déterminée. Demain est un autre jour. Et ce sera un jour meilleur.

La dépression revint à la charge :

— Hélas, non.

— Ferme ta gueule.

— Voir un psy, comme je le fais déjà, peut-être ? souffla Kim.

— Tu m’entends, mais tu ne m’écoutes pas. Je t’ai dit que je te suivais depuis plusieurs mois et j’ai vu que tu as été chez quatre psys. Quelle personne ayant un avenir radieux devant elle va consulter quatre différents psys sans avoir des résultats convaincants ? Le troisième était le plus drôle. Dans son petit carnet, il avait écrit que tu étais une petite fille enfermée dans le corps d’un adulte, et surtout, que tu étais gravement dépressive.

— Bon. Je vais me coucher. Laisse-moi tranquille.

— D’accord ; mais je viens de te dire comment allait se passer ton avenir.

Kim se leva et changea ses vêtements pour mettre son pyjama. Elle alla ensuite s’allonger dans son lit en posant sa tête sur le coussin moelleux. La dépression la suivit et s’assit dans un fauteuil près du lit. Il commença à siffloter, un bruit perçant et agaçant. Kim mit des bouchons d’oreilles, mais le sifflement restait audible. Elle plaça un oreiller sur sa tête pour étouffer le son, sans succès. Comme si cela ne suffisait pas, une musique forte provenant de l'appartement voisin commença à résonner.

— Tu n’as personne d’autre à faire chier ? s’écria Kim.

— Pour moi, tu es la plus intéressante, répondit la dépression.

Puis il reprit à nouveau ses sifflements. Agacée, Kim alluma sa lampe de chevet et s’assit sur le bord du lit. L’homme au costard excentrique, toujours assis dans le fauteuil, arborait un sourire débile.

— Je pensais à quelque chose. Puis-je t’en parler ? demanda la dépression.

— Est-ce que j’ai le choix ? répondit ironiquement Kim.

— Eh bien… pas vraiment. Je vais être direct, ma belle : et si tu te jetais du haut d’un immeuble ? Pas de celui-ci, non, il n’est pas très haut. L’immeuble de ton bureau, là où tu travailles, serait idéal. Une mort rapide et sans souffrance ; j’ai presque envie de dire "sans danger", s’exclama-t-il en éclatant de rire.

— Ce n’est pas si drôle que ça…

— Si, c’est drôle. Tu as simplement perdu ton sens de l’humour au fil des ans. Je me demande même si tu en avais.

— Et si on en reparlait demain ?

— Bon, comme tu insistes, je vais te laisser. N’oublie pas ma proposition. Cela va nous arranger tous les deux.

La dépression se leva du fauteuil et quitta la chambre. Kim, toujours assise sur le lit, resta silencieuse, perdue dans ses pensées. Finalement, elle se coucha, éteignit la lumière et, grâce aux comprimés de Xanax pris précédemment, trouva rapidement le sommeil.

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(Là, Kim a dormi une nuit, mais pas très bien. Voilà la suite.)

Il faisait jour et le réveille-matin de Kim se mit à sonner. Elle posa alors la main sur ce dernier afin de l’éteindre. Elle continua ensuite de dormir en espérant ne somnoler que quelques minutes de plus…

Après ses quelques minutes imaginaires, l’Asiatique se réveilla brusquement et vit sur son horloge une heure bien trop avancée. La poisse ! Kim était en retard au boulot ! Elle bondit de son lit et entra dans sa salle de bain afin de prendre une douche revigorante pour ne pas arriver au bureau avec l’allure d’un cadavre. Une fois cela fait, elle s’essuya, s’habilla et se brossa les dents parce qu’elle sentait son haleine de chacal.

— Je suis foutu, putain ! se répétait-elle en se brossant les dents. 

— Tu as toujours été foutu, ma grande. Aujourd’hui, c’est encore une journée de merde en plus. Je t’imagine en train d’entrer dans le bureau avec ta tête qui regarde le sol. Je vois ensuite tes collègues se moquer de toi pour une raison que je ne vais pas te dire maintenant. J’imagine enfin le savon que va te passer ton boss quand il te verra arriver. Cela va être un beau spectacle. J’ai hâte d’y assister !

— Qu’est-ce qui peut bien te réjouir dans mon malheur ? pesta la jeune femme qui arrêta un court instant de se brosser les dents.

— Cela va nous rapprocher encore plus, répondit la dépression. On forme une bonne équipe, tous les deux.

Kim finit de se brosser les chicots, prit les clefs de sa guimbarde, et sortit de son appartement. Elle alla dans le garage en direction de sa vieille voiture américaine : une sublime Ford Mustang Boss 429 rouge avec deux lignes noires parallèles sur le toit et le capot. C’était son péché mignon ; mais ça ne l’avait pas rendue plus heureuse à cause de sa maladie mentale qu’est la dépression.

La demoiselle prit la direction du bureau. Elle arriva là-bas avec exactement vingt-quatre minutes de retard. La femme entra dans le bureau avec la tête baissée. Dès que ses collègues la virent, ils se mirent tous à rire. Kim avait mis sa chemise sale qui était tachée et, en plus, ses boutons de chemise étaient mal fixés.

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Il faisait jour et le réveil de Kim se mit à sonner. Elle posa la main sur l’appareil pour l’éteindre et continua de somnoler, espérant ne se reposer que quelques minutes de plus... Mais ces quelques minutes imaginaires s’éternisèrent. Elle se réveilla brusquement et réalisa avec horreur l’heure affichée sur l’horloge. La poisse ! Kim était en retard au boulot !

Elle bondit de son lit et courut à la salle de bain pour prendre une douche revigorante, espérant ne pas arriver au bureau avec l'allure d’un cadavre. Une fois douchée, elle s’essuya rapidement, s’habilla à la hâte et se brossa les dents pour chasser son haleine de chacal.

— Je suis foutue, putain ! se répétait-elle en se brossant les dents.

— Tu as toujours été foutue, ma grande. Aujourd’hui, c’est encore une journée de merde en plus. Je t’imagine entrer dans le bureau, la tête baissée, et tes collègues se moquer de toi pour une raison que je ne vais pas te dire maintenant. Et ensuite, ton boss va te passer un savon monumental. Cela va être un beau spectacle. J’ai hâte d’y assister !

— Qu’est-ce qui peut bien te réjouir dans mon malheur ? pesta la jeune femme, interrompant brièvement son brossage de dents.

— Cela va nous rapprocher encore plus, répondit la dépression avec un sourire sadique. On forme une bonne équipe, tous les deux.

Kim termina de se brosser les dents, attrapa les clés de sa voiture, et sortit précipitamment de son appartement. Elle se rendit au garage où était garée sa vieille mais sublime Ford Mustang Boss 429 rouge, avec deux lignes noires parallèles sur le toit et le capot. C’était son péché mignon, mais cela n'avait pas suffi à combler le vide créé par sa dépression.

Elle prit la direction du bureau et arriva avec exactement vingt-quatre minutes de retard. En entrant, la tête baissée, elle sentit les regards et entendit les rires étouffés de ses collègues. Elle baissa encore plus la tête en réalisant qu’elle avait mis sa chemise tachée, avec des boutons mal fixés, la rendant encore plus ridicule.

— Je t’avais prévenue, susurra la dépression, visiblement ravie.

— Ferme-la, murmura Kim, honteuse et désespérée.

Elle se dirigea vers son poste de travail, tentant d'ignorer les regards moqueurs et les murmures. Mais elle savait que cette journée serait encore une épreuve de plus à surmonter, une de ces journées où la dépression semblait gagner un peu plus de terrain. En s'asseyant à son bureau, elle prit une profonde inspiration, essayant de rassembler le peu de force qui lui restait pour affronter cette nouvelle journée de merde.

— Tu as fait nuit blanche ? rit un collègue.

— Tu devrais nettoyer ta chemise ringarde, c’est embarrassant, soupira une autre collègue.

— Trouve-toi un copain, il pourra t’aider à mettre tes boutons, rit un autre camarade.

Chacun disait ce qui lui passait par la tête et Kim était sans réponse. Elle se dirigeait vers son box de travail quand son chef l’interpella illico presto.

— Kim, venez par ici. Nous avons à discuter.

— Je te l’avais dit. Si tu en avais fini avec ta vie hier, tu n’aurais pas à vivre cela aujourd’hui. Ç’aurait même été mieux, car ils seraient venus verser des larmes sur ta dépouille ; même si ç’aurait été des larmes d’alligator. 

— Crocodile ! s’écria Kim qui était furieuse. 

— Quoi ? répondit la dépression.

— On parle de larmes de crocodile ; pas d’alligator.

— Peu importe.

— Vous parlez à qui, mademoiselle ? demanda le chef.

— Non, monsieur, je parlais avec… commençait par dire la Vietnamienne. Laissez tomber. Je vous écoute, monsieur.

— Asseyez-vous, ordonna le chef. Qu’avez-vous fait ces derniers temps ? Vous avez l’air totalement ailleurs. Vous venez en retard, vos rapports sont truffés de fautes et vous avez l’air complètement abattu. Tout cela est sans parler de votre monologue à l’instant qui me fait penser que vous avez des problèmes… psychologiques.

— Tu vois, il pense que tu es folle, dit la dépression qui regardait les tableaux accrochés dans le bureau du chef.

— Non, monsieur, je vais bien. J’ai quelques problèmes familiaux, mais c’est sur le point d’être réglé ; et je pense que vous n’aurez plus ce genre de problème avec moi.

— J’espère bien, souffla le chef.

— Bravo, dit la dépression. Je crois que tu es en train de prendre la bonne décision. Le seul moyen pour qu’il n’ait plus ce genre de problème avec toi est de t’ôter la vie. Alors, tu choisis quel moyen ?

— Vous pouvez vous lever et aller bosser, ordonna le chef.

— D’accord, j’y vais de suite. Merci.

La dépression la suivit jusqu’à son poste de travail.

— Tu sais que tu n’as aucune chance de survivre si un train te passait dessus ?

— Tu peux fermer ta gueule ?

— Je peux, oui, mais concernant le suicide sous un train, il n’y aurait pas de frais d’hôpitaux, et les pauvres secouristes ne pourraient rien y faire si tu es déchiquetée. Ce serait une mort à la fois douce et brutale aux yeux du monde et de ceux qui t’aiment. Oh, j’oubliais : personne ne t’aime dans ce monde.

— Pourrais-tu me laisser travailler ?

— Je ne te comprends pas, jeune femme. Suis-moi, je vais te montrer quelque chose. C’est deux minutes ; tu n’es pas à deux minutes près vu que tu es de toute façon déjà en retard ? demanda la dépression avec un air sarcastique.

— Quoi ? Que veux-tu me montrer ? J’ai du travail.

— Ce tas de travail sera fait, c’est deux minutes, tu as bien deux minutes pour moi ?

— Putain. OK. Je te suis.

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— Tu as fait nuit blanche ? rit un collègue.

— Tu devrais nettoyer ta chemise ringarde, c’est embarrassant, soupira une autre collègue.

— Trouve-toi un copain, il pourra t’aider à mettre tes boutons, plaisanta un autre camarade.

Chaque remarque était une nouvelle flèche dans le cœur de Kim. Elle se dirigeait vers son box de travail quand son chef l'interpella.

— Kim, venez par ici. Nous devons discuter.

— Je te l’avais dit. Si tu en avais fini avec ta vie hier, tu n’aurais pas à vivre cela aujourd’hui. Ç’aurait même été mieux, car ils seraient venus verser des larmes sur ta dépouille ; même si ç’aurait été des larmes d’alligator.

— Crocodile ! s’écria Kim, furieuse.

— Quoi ? répondit la dépression.

— On parle de larmes de crocodile, pas d’alligator.

— Peu importe.

— Vous parlez à qui, mademoiselle ? demanda le chef.

— Non, monsieur, je parlais avec... commença Kim. Laissez tomber. Je vous écoute, monsieur.

— Asseyez-vous, ordonna le chef. Qu’avez-vous fait ces derniers temps ? Vous avez l’air totalement ailleurs. Vous venez en retard, vos rapports sont truffés de fautes et vous avez l’air complètement abattue. Tout cela sans parler de votre monologue à l’instant qui me fait penser que vous avez des problèmes… psychologiques.

— Tu vois, il pense que tu es folle, dit la dépression, examinant les tableaux accrochés dans le bureau du chef.

— Non, monsieur, je vais bien. J’ai quelques problèmes familiaux, mais c’est sur le point d’être réglé ; et je pense que vous n’aurez plus ce genre de problème avec moi.

— J’espère bien, souffla le chef.

— Bravo, dit la dépression. Je crois que tu es en train de prendre la bonne décision. Le seul moyen pour qu’il n’ait plus ce genre de problème avec toi est de t’ôter la vie. Alors, tu choisis quel moyen ?

— Vous pouvez vous lever et aller bosser, ordonna le chef.

— D’accord, j’y vais de suite. Merci.

La dépression la suivit jusqu’à son poste de travail.

— Tu sais que tu n’as aucune chance de survivre si un train te passait dessus ?

— Tu peux fermer ta gueule ?

— Je peux, oui, mais concernant le suicide sous un train, il n’y aurait pas de frais d’hôpitaux, et les pauvres secouristes ne pourraient rien y faire si tu es déchiquetée. Ce serait une mort à la fois douce et brutale aux yeux du monde et de ceux qui t’aiment. Oh, j’oubliais : personne ne t’aime dans ce monde.

— Pourrais-tu me laisser travailler ?

— Je ne te comprends pas, jeune femme. Suis-moi, je vais te montrer quelque chose. C’est deux minutes ; tu n’es pas à deux minutes près vu que tu es de toute façon déjà en retard ? demanda la dépression avec un air sarcastique.

— Quoi ? Que veux-tu me montrer ? J’ai du travail.

— Ce tas de travail sera fait, c’est deux minutes, tu as bien deux minutes pour moi ?

— Putain. OK. Je te suis.

Kim se leva à contrecœur, suivant la dépression dans les couloirs du bureau. Elle se demandait ce que cette entité malveillante pouvait bien vouloir lui montrer. Ils arrivèrent devant une fenêtre donnant sur la rue en contrebas.

— Regarde, dit la dépression en pointant du doigt un groupe de personnes. Là-bas, vois-tu ces gens ? Ils ont l’air heureux, mais ils cachent tous des souffrances similaires aux tiennes. La seule différence, c’est qu’eux savent comment le masquer. Toi, tu es transparente, un livre ouvert. Ils te jugent sans même connaître ton histoire.

— Et alors ? répondit Kim, agacée. Pourquoi devrais-je m’en soucier ?

— Parce que, répondit la dépression avec un sourire tordu, si tu te laissais tomber de cette fenêtre maintenant, tu mettrais fin à toute cette hypocrisie. Plus besoin de jouer un rôle, plus besoin de souffrir en silence.

Kim regarda par la fenêtre, le vide appelant son désespoir. Mais quelque part au fond d’elle, une petite étincelle de résistance se ralluma.

— Non, dit-elle, d’une voix plus ferme qu’elle ne s’y attendait. Je ne te laisserai pas gagner. Pas aujourd’hui.

La dépression sembla surprise, mais son sourire ne faiblit pas.

— Très bien, jeune femme. Suis-moi.

La dépression se mit donc à marcher en direction de l’ascenseur. Kim la suivit, curieuse de savoir de quoi il s’agissait. L’ascenseur monta jusqu’au dernier étage. La dépression sortit et marcha jusqu’au bord de l’immeuble. Ils étaient sur le toit. Kim pouvait voir la ville en grand. Quand elle jeta un coup d’œil en bas, elle vit la longue distance qui la séparait du sol. En même temps elle se rendit compte que ce qu’avait dit la dépression la veille était juste : c’était une manière spectaculaire de mourir, mais sans souffrance.

— Voilà, tu vois que j’ai raison. Tout ce vide dans lequel tu peux te jeter et t’écraser quelque part sur ce sol bitumé. Aucune chance de survivre. Dans le meilleur des cas, ton crâne sera éclaboussé ; et dans le pire des cas, tu seras complètement éparpillée sur le sol. Tu aimes l’idée de te suicider, là, maintenant ? demanda la dépression.

— J’ai peur du vide…

— Tu préfères quelle mort, toi ?

— Simple, sans affoler les autres, répondit Kim.

— Waouh, discret et efficace. Tu vas le faire quand ? s’interrogea la dépression ?

— Je n’en ai aucune idée.

— Ne me dis pas que cette idée ne t’a jamais traversé l’esprit ? adjura la dépression qui, visiblement, avait déjà la réponse à sa question.

— Tu connais la réponse à cette question.

— Dans le mille. Mais, vois-tu, je veux l’entendre de ta bouche. Je veux te l’entendre dire, insista la dépression.

— Oui, j’en ai rêvé presque tous les soirs de ces dernières semaines. J’ai pensé à me suicider plusieurs fois dans ma vie, car celle-ci n’est qu’une succession de malheurs et d’événements improbables. Je ne suis bonne à rien et personne ne me considère dans cette ville d’attardés. Même mes parents me détestent. Ça fait plus de deux mois que j’ai discuté avec eux, bien qu’ils soient à moins de cent vingt kilomètres d’ici. Ma mère me parle comme si j’étais une inconnue… et mon père me déteste. C’est à croire que ma naissance fut l’événement le plus regrettable de leur vie. Je crois que je suis une déception pour tous ceux qui me connaissent et mettre fin à mes jours serait vraiment la meilleure solution.

— Oui ! Tu as raison. Personne ne te considère ; tu n’es personne. Tu fais honte à ta famille. Tu vas gober des antidépresseurs toute ta vie ? Tu te vois être à la retraite à soixante-deux ans ? C’est long, bien trop long. Et tu feras quoi chez toi ? Tu prendras des drogues ? Cocaïne, benzos, toutes ces merdes que tu commandes sur Internet tout le temps et qui fout en l’air ta santé ? Tu vois, tu n’as aucune perspective. Alors, fais-le, Kim. Saute du haut de cet immeuble et tu auras la paix éternelle.

— Pas maintenant, répondit-elle en s’éloignant du bord du toit de l’immeuble.

— Tu n’es qu’une dégonflée, ma jolie. Je comprends pourquoi ton père te déteste autant. Je crois que si j’étais un humain et que j’avais une fille comme toi, j’aurais préféré qu’elle soit morte. Ton père au moins, il a eu la décence de ne pas t’avoir tué à la crèche. Tu n’es qu’une bonne à rien, tu ne plais pas aux hommes, tu es coincée dans une boucle infernale : se lever, gober des médocs, aller bosser, revenir à la maison pour se droguer et aller sur Internet, se branler sur un site porno, avant d’aller prendre une douche, et se coucher. Puis tu recommences le lendemain. Et le surlendemain. Chaque semaine. Chaque année. Où est le bonheur, ma belle ? Peux-tu me le dire ? Ai-je tort ?

La dépression se mit à marcher en direction de l’ascenseur. Kim le suivit, curieuse de savoir ce qu'il avait en tête. L’ascenseur monta jusqu’au dernier étage. La dépression sortit et marcha jusqu’au bord de l’immeuble. Ils étaient sur le toit, offrant une vue panoramique sur la ville. Quand elle jeta un coup d’œil en bas, elle vit la longue distance qui la séparait du sol. La dépression avait raison : c’était une manière spectaculaire de mourir, sans souffrance.

— Voilà, tu vois que j’ai raison. Tout ce vide dans lequel tu peux te jeter et t’écraser quelque part sur ce sol bitumé. Aucune chance de survivre. Dans le meilleur des cas, ton crâne sera éclaboussé ; et dans le pire des cas, tu seras complètement éparpillée sur le sol. Tu aimes l’idée de te suicider, là, maintenant ? demanda la dépression.

— J’ai peur du vide…

— Tu préfères quelle mort, toi ?

— Simple, sans affoler les autres, répondit Kim.

— Waouh, discret et efficace. Tu vas le faire quand ? s’interrogea la dépression.

— Je n’en ai aucune idée.

— Ne me dis pas que cette idée ne t’a jamais traversé l’esprit ? adjura la dépression, qui, visiblement, avait déjà la réponse à sa question.

— Tu connais la réponse à cette question.

— Dans le mille. Mais, vois-tu, je veux l’entendre de ta bouche. Je veux te l’entendre dire, insista la dépression.

— Oui, j’en ai rêvé presque tous les soirs de ces dernières semaines. J’ai pensé à me suicider plusieurs fois dans ma vie, car celle-ci n’est qu’une succession de malheurs et d’événements improbables. Je ne suis bonne à rien et personne ne me considère dans cette ville d’attardés. Même mes parents me détestent. Ça fait plus de deux mois que j’ai discuté avec eux, bien qu’ils soient à moins de cent vingt kilomètres d’ici. Ma mère me parle comme si j’étais une inconnue… et mon père me déteste. C’est à croire que ma naissance fut l’événement le plus regrettable de leur vie. Je crois que je suis une déception pour tous ceux qui me connaissent et mettre fin à mes jours serait vraiment la meilleure solution.

— Oui ! Tu as raison. Personne ne te considère ; tu n’es personne. Tu fais honte à ta famille. Tu vas gober des antidépresseurs toute ta vie ? Tu te vois être à la retraite à soixante-deux ans ? C’est long, bien trop long. Et tu feras quoi chez toi ? Tu prendras des drogues ? Cocaïne, benzos, toutes ces merdes que tu commandes sur Internet tout le temps et qui foutent en l’air ta santé ? Tu vois, tu n’as aucune perspective. Alors, fais-le, Kim. Saute du haut de cet immeuble et tu auras la paix éternelle.

— Pas maintenant, répondit-elle en s’éloignant du bord du toit de l’immeuble.

— Tu n’es qu’une dégonflée, ma jolie. Je comprends pourquoi ton père te déteste autant. Je crois que si j’étais un humain et que j’avais une fille comme toi, j’aurais préféré qu’elle soit morte. Ton père au moins, il a eu la décence de ne pas t’avoir tuée à la crèche. Tu n’es qu’une bonne à rien, tu ne plais pas aux hommes, tu es coincée dans une boucle infernale : se lever, gober des médocs, aller bosser, revenir à la maison pour se droguer et aller sur Internet, se branler sur un site porno, avant d’aller prendre une douche, et se coucher. Puis tu recommences le lendemain. Et le surlendemain. Chaque semaine. Chaque année. Où est le bonheur, ma belle ? Peux-tu me le dire ? Ai-je tort ?

Kim resta silencieuse, ses pensées tourbillonnant dans un chaos douloureux. Chaque mot de la dépression était un coup de poignard, renforçant son désespoir. Mais au fond d'elle, une petite voix de résistance murmurait encore. Elle n'était pas prête à abandonner, pas encore. L'esprit en proie à une bataille intérieure, elle se détourna du bord du toit.

— Non, tu n’as pas totalement tort, dit-elle enfin, d'une voix tremblante. Mais je veux encore essayer. Je veux encore voir si quelque chose peut changer.

La dépression la regarda, surprise par cette résistance inattendue.

— Très bien, jeune femme. Mais souviens-toi, je ne suis jamais loin.

Kim redescendit de l’immeuble, son cœur lourd mais déterminé à ne pas laisser la dépression gagner. Elle retourna à son poste de travail, essayant de rassembler le peu de force qui lui restait pour affronter cette nouvelle journée. Peut-être que chaque jour ne serait pas une bataille perdue. Peut-être qu’elle pouvait encore trouver une raison de vivre, malgré tout.

*

Kim resta figée quelques secondes et continua son chemin. Elle reprit l’ascenseur, au bord des larmes, et descendit à son bureau pour aller bosser. Le reste de la journée se déroula sans événement majeur. La Vietnamienne avait passé le reste de cette journée, traumatisée par ce que la dépression lui avait dit. En rentrant chez elle le soir, elle ne cessait de voir en chaque élément un moyen de mourir. Se faire renverser par une voiture, se cogner la tête contre une bouche d’incendie, sauter d’un pont, sniffer de l’héroïne pure : c’était quelques-unes des idées qui traversaient l’esprit de la demoiselle. Une fois le soir arrivé, elle rentra chez elle, désemparée. Dans le canapé était assise la dépression qui, visiblement, l’attendait.

— Tu es là pour que j’en finisse, c’est ça ? demanda-t-elle après avoir refermé la porte d’entrée.

— Je ne suis pas du genre à abandonner, ma grande, répondit la dépression. Tu sais que ce que je t’ai dit tout à l’heure est la pure vérité. Ta vie ne sert à rien et ta mort… Tout le monde s’en foutra.

— C’est toi qui le dis, répondit Kim en jetant son sac sur le fauteuil, et en s’asseyant à côté de la dépression sur le canapé.

— Bon, d’accord. Prends ton téléphone et appelle ta mère. Dis-lui juste que tu aimerais entendre sa voix ; telle une fille normale, proposa la dépression.

— Pour quoi faire ?

— Pour vérifier ce que je viens de te dire.

— Je ne vais pas appeler ma mère.

— Tu vas l’appeler tout de suite, jeune femme, s’énerva la dépression en haussant le ton. 

Prise de peur, Kim obtempéra et prit son iPhone. Elle appela sa mère qui prit son temps avant de décrocher.

— Maman ? Maman ?

— Oui ?

— C’est moi, maman.

— Je sais, je sais que c’est toi. Qu’est-ce qu’il y a ?

— Rien de bien important, commença par dire la fille avant de se faire interrompre par sa mère.

— Et donc, pourquoi m’appelles-tu ? Tu penses que je n’ai rien à faire, c’est cela ?

— Non, bon… Je voulais juste entendre ta voix, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas entendue. 

Un silence s’ensuivit, puis la mère répondit :

— C’est tout ?

— Tu parles avec qui ? demanda quelqu’un de l’autre côté.

La voix de la personne était celle du père de Kim.

— L’autre, là, répondit la mère.

— L’autre qui ? demanda le père.

— Notre fille.

— Ah. D’accord.

La mère revint ensuite à la discussion avec sa fille.

— Tu n’as plus rien à me dire ?

— Euh… Je me disais que… commençait par dire Kim avant d’entendre les trois bips qui étaient synonymes du fait que sa mère venait de lui raccrocher au nez. 

Kim posa son iPhone sur la table, se vautra dans le canapé avec les yeux rivés sur le plafond, et s’alluma une cigarette. Elle était totalement perdue.

— Tu vois ce que je disais ?

— Fous-moi la paix, pesta-t-elle en se levant, puis en se dirigeant vers sa cuisine pour se servir une canette de Red Bull.

— Cette boisson est très sucrée, ma chère, mais tu n’auras jamais le diabète, puisque tu mourras très bientôt.

— Par pitié : ferme ta gueule.

— Compris.

*

Trois jours plus tard, la police défonça la porte de l’appartement de Kim, alertée par les voisins intrigués par une odeur étrange. En entrant, ils découvrirent Kim étendue sur son lit, sans vie.

L’autopsie révéla une overdose d’héroïne et de benzodiazépines. Elle était partie dans l’indifférence générale, et personne ne voulut se présenter à son enterrement. La cérémonie se déroula dans une atmosphère de profonde solitude et de malaise, un reflet tragique de la vie qu’elle avait menée.

Sa mort, bien que triste, mit fin à ses souffrances. La dépression avait finalement gagné, emportant Kim dans son sillage. On ne peut pas empêcher une personne de se suicider si elle le désire vraiment, car la douleur de la vie peut devenir si intense que la mort semble être la seule solution.

La lutte contre la dépression et les idées suicidaires est une bataille quotidienne, une bataille où chaque geste de compassion peut faire la différence.