Braquage de bonne foi
8 janvier 2018
Illustration par Kura Kaminari

Pendant une longue nuit d’hiver, une collision inattendue bouleversa le calme feutré d’un quartier huppé, là où l’épicerie du coin servait de théâtre à un drame humain. Ce lieu, habituellement dédié aux échanges des formes les plus raffinées de la pensée humaine, fut envahi par une réalité brutale, loin des tourments moraux et physiques qui accablaient les âmes déchues des faubourgs.
La neige tombait doucement, tapissant la chaussée d’un manteau immaculé, décorant les rebords des fenêtres et recouvrant la carrosserie luisante des véhicules de police. Ces derniers s’amassaient sous le regard curieux et inquiet des habitants du voisinage. Cette nuit-là, les haillons de la misère avaient forcé leur entrée dans ce sanctuaire bourgeois. L’hostilité latente s’épanouissait dans les esprits médiocres, imposant un silence lourd aux mondains qui se laissaient happer par la mélancolie nocturne. Ce choc entre deux mondes – celui des fortunés et celui des démunis – résonnait comme une blessure ouverte dans le tissu social.
D’après les informations recueillies par la police municipale, un jeune homme avait pris d’assaut l’épicerie pour un butin conséquent. Ce dernier était décrit comme un homme blanc d’environ vingt-cinq ans, à l’accent balkanique marqué. Sa haute stature et sa carrure imposante étaient mises en valeur par son jean usé et sa veste en cuir noir. Une cagoule dissimulait son visage, tandis qu’un sac en toile modeste pendait à son épaule. Il était armé d’un pistolet au design classique, froid et menaçant.
Cet homme avait un nom : Valko Angueloff.
Valko s’était assuré que personne dans l’établissement n’intervienne pour perturber son plan. Avec une efficacité méthodique, il vidait la caisse enregistreuse, y entassant chaque billet dans son sac en toile. En cette période de fêtes de fin d’année, l’épicerie avait accumulé une somme considérable – une opportunité parfaite pour Valko de tourner la page sur sa vie misérable et de commencer une nouvelle existence.
Son intention initiale était simple : obtenir cet argent sans violence. Il espérait que le gérant et les quelques clients présents lui offriraient leur coopération, partageant un peu de leur richesse pour lui éviter de passer une autre nuit glaciale sous le froid mordant qui rappelait celui de la Sibérie. À ses yeux, l’argent n’avait de valeur que lorsqu’il servait à apaiser les souffrances humaines. Il croyait en la bonté des gens, en leur capacité à faire preuve d’aumône – ce geste fraternel qui accompagne les prières sincères.
Mais cette foi fut brisée.
En Suisse, selon Valko, les riches étaient aussi avares que les partisans de l’extrême droite étaient insensibles aux souffrances des migrants africains. Leur cupidité révélait une hideuse nudité morale qui lui inspirait un profond mépris. Face à ce mur d’indifférence, il n’avait pas le choix : si les lois ne permettaient pas une issue pacifique à sa situation désespérée, il devait recourir à des mesures plus radicales. L’heure était venue pour le plan B.
D’un geste vif et déterminé, il dégaina son pistolet et tira un coup de feu en l’air. Le bruit assourdissant résonna dans l’épicerie comme un cri de pouvoir brut.
Mais alors qu’il pensait avoir pris le contrôle total de la situation, un imprévu surgit.
Parmi les clients présents se trouvait un civil armé. Cet homme sortit son arme et tira six fois sur Valko avec une précision fébrile. Bien que cinq balles manquèrent leurs cibles vitales, une réussit à se loger profondément dans la cuisse droite du brigand.
Lorsque le civil entreprit de recharger son arme, Valko réagit avec une froide efficacité. Une seule balle tirée avec précision atteignit la tête de son adversaire. L’homme s’effondra sur le sol dans un silence brutal – sa tentative héroïque s’éteignit aussi vite qu’elle avait commencé. Les compétences paramilitaires acquises par Valko au sein d’une organisation bulgaro-turque avaient fait toute la différence.
Les otages présents furent paralysés par l’aura imposante du Bulgare. Terrifiés, ils se plaquèrent au sol tandis que Valko continuait de remplir son sac avec les billets amassés dans la caisse. Une minute plus tard, son sac bien rempli jeté sur son épaule, il se dirigea vers la porte d’entrée. Avant de disparaître dans la nuit glaciale, il se retourna et prononça calmement :
— Passez une bonne soirée.
Puis il s’engouffra dans une ruelle enneigée en boitant.
***
Dans cette ruelle obscure où régnaient ténèbres et silence pesant, une jeune fille attendait patiemment dans l’ombre. Ses taches de rousseur illuminaient légèrement son visage juvénile sous sa capuche blanche. Elle portait des vêtements légers malgré le froid mordant : un mini-short vermillon bordé de dentelles délicates, un tee-shirt immaculé comme la neige environnante, une veste ouverte tout aussi blanche et des ballerines compensées ornées de nœuds rouges.
Ses mèches rousses dépassaient timidement de sa capuche tandis que ses fines jambes trahissaient sa jeunesse innocente mêlée à une expérience prématurée du monde adulte. Elle se tenait sur un bout de trottoir éloigné du boulevard principal – un lieu tristement surnommé « le coin des mineures » par celles qui partageaient son quotidien.
Dans ce quartier du Flon où prostitution illégale battait son plein sous les néons blafards des ruelles animées, Rosa – comme on l’appelait – faisait partie intégrante du paysage nocturne. Bien qu’elle n’avait que seize ans, cette gamine esseulée possédait déjà ses habitudes et sa clientèle régulière.
Les rumeurs parmi les autres filles prétendaient qu’elle était suisse – fait inhabituel dans ce milieu souvent dominé par des réseaux venus d’Europe de l’Est. Pourtant personne ne connaissait réellement son histoire familiale ni ce qui l’avait poussée ici.
***
Il était vingt-deux heures lorsque Valko Angueloff apparut devant elle – boitant légèrement mais avançant avec détermination sous sa cagoule sombre sans même lui accorder un regard.
Rosa, les bras croisés et un sourire provocateur aux lèvres, interpella l’homme sans la moindre gêne :
— Salut ! Pas mal, ta dégaine ! lança-t-elle avec une insolence teintée d’amusement.
L’homme, le sac en toile bourré de billets toujours fermement accroché à son épaule, se retourna lentement. Son regard était froid, mais pas dénué d’une certaine curiosité.
— Salut, répondit-il d’un ton sec.
Rosa, décidée à ne pas lâcher prise, abaissa sa capuche pour dévoiler ses mèches rousses qui encadraient son visage juvénile. Elle poursuivit avec une assurance désarmante :
— Ça te dit de passer du bon temps avec moi ?
Valko haussa un sourcil, visiblement perplexe face à cette proposition inattendue.
— Quoi ? Avec toi ? demanda-t-il, incrédule.
— Pour un soir. Chez toi ou dans un hôtel. Je suis pas compliquée.
— Je n’ai pas le temps pour des galipettes, rétorqua-t-il en détournant le regard.
Rosa éclata de rire, un rire clair et moqueur qui résonna dans la ruelle enneigée.
— Pourquoi pas ? T’as peur de pas être à la hauteur ?
— Je sors tout juste d’un braquage, lâcha Valko d’un ton grave.
Rosa le fixa, incrédule. Elle plissa les yeux comme pour sonder la véracité de ses paroles avant de répondre :
— Ah bon ? N’importe quoi ! Tu te fiches de moi !
Valko soupira profondément et s’arrêta net. Il planta ses yeux sombres dans ceux de la jeune fille et déclara avec une froideur qui fit frissonner Rosa :
— Écoute bien, petite. J’ai braqué une épicerie et tué un homme ce soir. Les sirènes que tu entends au loin sont pour moi. Alors excuse-moi si je dois disparaître avant que la police ne me tombe dessus.
Le sourire de Rosa s’effaça. Elle resta figée un instant avant de reprendre avec une voix plus douce, presque suppliante :
— Attends… Ne pars pas comme ça. Emmène-moi avec toi ! Je n’ai nulle part où aller et j’ai froid…
Valko secoua la tête, agacé par cette insistance inattendue.
— Rentre chez toi.
— Mais c’est ici « chez moi », rétorqua Rosa en désignant la ruelle sombre autour d’eux.
— Non. T’es dans la rue. Ce n’est pas une maison.
— Justement… murmura-t-elle.
Il y avait quelque chose dans l’attitude de Rosa qui intrigua Valko. Ce n’était ni sa beauté ni son audace – bien que ces traits étaient indéniables – mais plutôt cette assurance tranquille mêlée à une fragilité sous-jacente. Son sourire avait une douceur presque irréelle, comme celui d’une muse échappée d’un tableau ancien.
Après un bref silence, Valko céda :
— Tu es jeune… Que veux-tu que je fasse de toi ?
Rosa croisa les bras et prit une posture défiant toute autorité :
— Tu me traites comme une enfant ! Regarde-moi bien. Tout le monde me trouve belle. Je ne te plais pas ?
Valko détourna les yeux, visiblement agacé par cette confrontation directe.
— Écoute… Je n’ai pas le temps pour ça. Je dois partir.
Mais Rosa ne lâcha rien. Elle s’approcha légèrement et menaça avec un sourire narquois :
— Si tu me laisses ici toute seule… je crie : « Au viol ! Au satyre ! À l’attentat ! »
Valko serra les dents et répondit sèchement :
— Veux-tu te taire ! Bon… Suis-moi alors, mais reste sage.
Rosa acquiesça avec un sourire triomphant avant de suivre Valko qui boitait le long de la ruelle enneigée. Ils marchèrent jusqu’à atteindre un carrefour animé où des groupes s’agitaient autour des discothèques et des bars éclairés par des néons criards. La brume nocturne s’épaississait, rendant les contours flous et irréels sous les réverbères vacillants.
Sous l’un des lampadaires se trouvait une Chevrolet Monte Carlo ancienne aux lignes robustes. Valko ouvrit le coffre arrière pour y déposer son sac avant de monter dans l’habitacle avec Rosa sur ses talons. Une fois installé derrière le volant, il retira sa cagoule et tenta de démarrer en trombe. Mais la douleur lancinante dans sa cuisse blessée par balle l’immobilisa brusquement. Ses mains crispées sur sa jambe témoignaient d’une souffrance insupportable.
Rosa observa cet homme brisé avec une étrange tendresse. Elle se pencha vers lui et déposa un baiser léger sur ses lèvres pâles avant de murmurer :
— Moi, c’est Rosa. Et toi ?
Déconcerté par ce geste inattendu, Valko hésita avant de répondre :
— Valko… C’est Valko. Tu sais faire un bandage ?
Rosa sourit malicieusement :
— Bien sûr que je sais faire plein de choses.
Valko lui indiqua la boîte à gants où elle trouva une trousse de secours contenant du matériel rudimentaire : compresses, alcool à 90°, bandes extensibles. Elle déboucha la bouteille d’alcool et versa le liquide sur sa plaie ouverte sans hésitation. Valko grimaça violemment tandis qu’une douleur brûlante envahissait sa jambe comme un feu dévorant.
Avec des gestes précis mais fermes, Rosa appliqua une compresse sur la plaie puis enroula soigneusement une bande autour de sa cuisse meurtrie. Les larmes montèrent aux yeux de Valko malgré lui – non pas seulement à cause de la douleur physique mais aussi du poids écrasant des événements récents.
Quand elle eut fini son travail improvisé mais efficace, il posa sur elle un regard plus attentif et demanda enfin :
— Tu as quel âge pour faire le trottoir… si jeune ?
Rosa répondit sans détour :
— J’ai tout juste seize ans.
Valko resta silencieux quelques secondes avant de poursuivre :
— Et tu dors dehors ?
Elle hocha la tête tristement avant d’expliquer :
— Je n’ai pas de famille et les hôtels sont trop chers. Les maisons closes me refusent à cause de mon âge… Alors je fais ce que je peux pour survivre.
Un silence pesant s’installa dans l’habitacle tandis que Valko réfléchissait à ses propres échecs et désillusions face à cette société qu’il méprisait tant. En Rosa, il voyait une âme perdue semblable à la sienne – deux êtres marginalisés par des rêves brisés.
Finalement, il murmura :
— Je ne loge nulle part non plus… J’ai un long voyage à faire.
Rosa leva les yeux vers lui avec curiosité :
— Où est-ce que tu vas ?
Il répondit après quelques secondes d’hésitation :
— En Norvège… Loin des gens… Loin de tout…
Un silence complice enveloppa leurs deux âmes égarées tandis qu’ils fumaient ensemble sous les lumières vacillantes des réverbères enneigés – deux étrangers liés par leur désir commun d’échapper au chaos du monde qui les avait rejetés.
— Tu parles bien ! lança-t-elle, un mélange d’admiration et de défi dans la voix.
Valko haussa légèrement les épaules, comme si ses mots n’avaient aucune importance.
— Peut-être, répondit-il simplement.
Rosa s’avança un peu, ses yeux brillants d’une détermination farouche.
— Emmène-moi avec toi !
L’homme resta silencieux un instant, son regard perdu dans le vide. Puis, d’un ton ferme, il répondit :
— Non.
Rosa fronça les sourcils, piquée au vif par ce refus catégorique.
— Pourquoi ?! s’exclama-t-elle avec une frustration palpable.
— Parce que tu ne peux pas tout plaquer sur un coup de tête. Ce n’est pas comme ça que la vie fonctionne.
Rosa éclata d’un rire amer, presque sarcastique :
— Mais je n’ai rien ici ! Je n’ai aucune attache ! Alors quoi ? Tu vas m’abandonner sur la chaussée comme tous les michetons le font avec moi ?
Valko détourna le regard vers le pare-brise embué. Sa voix était calme, mais teintée d’une certaine lassitude :
— Je ne suis pas un micheton.
Rosa se pencha légèrement vers lui, cherchant à capter son attention :
— Alors pourquoi tu m’as fait venir ici ? Pourquoi tu m’as laissé te suivre ?
Valko soupira profondément avant de répondre :
— J’avais de la peine pour toi.
Rosa éclata d’un rire cynique qui résonna dans l’habitacle sombre de la voiture.
— Oh, vraiment ? De la peine ? dit-elle en accentuant chaque mot avec ironie.
— Ça m’arrive d’être compassionnel, admit-il sans détour.
Rosa posa une main légère sur l’épaule de Valko et se rapprocha encore davantage, son regard devenant presque insistant :
— Je crois plutôt que je te plais.
Valko secoua la tête, visiblement agacé par cette remarque.
— Ne dis pas de bêtises.
— Alors quoi ? Tu aimes quelqu’un d’autre ? demanda-t-elle avec une curiosité désarmante.
Valko resta immobile quelques secondes avant de répondre :
— Non. Je n’aime personne. Et je n’ai personne.
Rosa esquissa un sourire triste avant de murmurer :
— Je suis comme toi. Tu vas vraiment me laisser toute seule ? Tu sais… moi… je ressens quelque chose pour toi. Je n’avais jamais ressenti ça avant. C’est la première fois…
Valko tourna lentement la tête vers elle, son regard à la fois intrigué et sceptique :
— Alors comment tu sais que c’est de l’amour si tu n’as jamais aimé personne avant ?
Rosa posa une main sur son ventre et répondit avec une sincérité presque enfantine :
— Parce que je le sens. Là. Dans mon ventre. C’est tout chaud. Avant, c’était noué… mais plus maintenant… Je me sens bien…
Valko secoua doucement la tête, comme pour dissiper cette idée qu’il trouvait naïve.
— Écoute, Rosa. Je suis content que tu n’aies plus mal au ventre… mais ça ne prouve rien. Tu comprends ?
Un sourire malicieux se dessina sur les lèvres de Rosa alors qu’elle se penchait pour lui chuchoter à l’oreille :
— Tu as peur de moi… sourit-elle avec douceur.
L’homme inspira profondément et planta ses yeux dans ceux de Rosa :
— Rosa… J’ai des principes. Je ne peux pas te déporter comme ça pour tes beaux yeux sous prétexte que tu fais ta crise d’adolescence. Je vais te donner de l’argent pour que tu puisses dormir dans un hôtel. Dans une année ou deux… tu seras sur le droit chemin.
Mais Rosa secoua violemment la tête, ses mèches rousses s’agitant autour de son visage déterminé :
— Je ne suis plus une gamine ! Tu ne sais pas ce que c’est que de vivre dans la rue à mon âge quand je vois les autres faire ce qu’ils veulent ! Tu crois vraiment que j’ai un avenir ici ?
Valko sortit quelques billets froissés de sa poche et les tendit à Rosa :
— Oui. Garde espoir. Prends cet argent et va-t’en.
Mais Rosa repoussa sa main avec une colère sourde qui faisait trembler sa voix :
— Tu es si égoïste ! Ce n’est pas juste ! Pourquoi tout le monde fait ce qu’il a envie de faire et pas moi ?! J’aurais dû me suicider depuis longtemps ! Des fois, j’aimerais être morte. Les gens ont toujours fait semblant de m’aimer parce que le jour où ma vie a pris une sale tournure… mes soi-disant amis m’ont tous écrasée… et avec le sourire.
Le visage de Valko s’assombrit tandis qu’il tentait maladroitement de calmer la tempête émotionnelle qui déferlait en Rosa :
— Rosa… Ce n’est pas ce que je voulais dire…
Mais elle ne l’écoutait plus. Ses mots jaillissaient comme un torrent incontrôlable :
— Peu importe. Je ne serai plus jamais bien. J’ai chuté et je suis dans un fossé. J’y suis tout au fond et j’irai même encore plus loin ! J’irai jusqu’au bout ! Toute mon existence n’a été qu’une merde voulue par ma mère – une putain qui a pris son pied avec un micheton qui doit être mon père ! Je ne connais même pas leur visage ! Je vais me flinguer ! Comme ça… tout sera terminé !
Elle éclata en sanglots violents qui secouèrent son frêle corps tandis que Valko restait figé devant cette détresse brute et sans filtre. Il ouvrit la bouche pour parler mais aucun mot ne vint immédiatement. Il avait connu des moments sombres lui-même – des instants où l’idée du suicide avait effleuré son esprit – mais il avait toujours cru en une chose : l’espoir. Même ténu, même fragile, il était là pour ceux qui n’avaient plus rien à perdre.
Finalement, Valko inspira profondément et murmura d’une voix grave mais douce :
— Mets ta ceinture. Le voyage sera long.
***
Rosa obéit sans protester cette fois-ci. Elle s’était fiée à sa parole – à cet homme brisé qui semblait comprendre ses propres blessures mieux que personne. Les années passèrent après cette nuit étrange dans les rues glacées de Lausanne.
Dans leur maison en bois nichée au cœur des forêts norvégiennes – loin des gens, loin du tumulte du monde – ils partageaient parfois des souvenirs de leur rencontre improbable. Ces moments étaient marqués par des sourires discrets mais sincères : des sourires chargés d’une histoire que nul autre ne pourrait comprendre pleinement.
Ils avaient trouvé en eux-mêmes ce qu’ils cherchaient désespérément ailleurs : une renaissance silencieuse et paisible dans un coin oublié du monde où leurs âmes pouvaient enfin respirer librement.